Essai clinique illégal : un nouveau scandale à l’IHU du Pr Raoult ?

L’Agence du médicament ouvre une inspection à l’IHU de Marseille après des soupçons d’ "expérimentation sauvage". L’institut du Pr Raoult aurait délivré des traitements à l’essai contre la tuberculose sans autorisation.

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Essai clinique illégal : un nouveau scandale à l’IHU du Pr Raoult ?
Capture d'écran © IHU Méditerranée-Infection

Nouvelle affaire à l’IHU Méditerranée Infection de Marseille. Cet institut hospitalo-universitaire, que dirige le controversé professeur Didier Raoult, va faire l’objet d’une inspection, annonce le 27 octobre l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). L’IHU aurait, selon l’ANSM, "continué à délivrer" des traitements contre la tuberculose, sans son autorisation. 

Puis, dès le 28 octobre, l'agence saisit la justice. C'est désormais la procureure de Marseille qui doit décider des suites à donner au dossier.

"Expérimentation sauvage"

Mais de quoi s'agit-il précisément ? Le scandale éclate le 22 octobre, quand Mediapart révèle que "depuis 2017, l'IHU "mène une expérimentation sauvage contre la tuberculose, provoquant chez plusieurs patients, dont un mineur, de graves complications". 

Selon le site d'information, cette expérimentation utilisait une combinaison de quatre médicaments dont l'efficacité conjointe n'avait jamais été évaluée et était menée malgré le refus de l'ANSM. Cette agence doit pourtant toujours donner son aval aux recherches impliquant des êtres humains, en particulier les essais cliniques de médicaments. 

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Un protocole retiré, mais toujours en cours

Suite à ces révélations, l'Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille (AP-HM), dont dépend l’IHU, a mené une enquête interne rapide face à la "gravité potentielle des faits relatés". Elle indique le 27 octobre qu'un "protocole de recherche sur cette combinaison d'antibiotiques avait bien été déposé". 

Une porte-parole a précisé à l'AFP que ce protocole avait été déposé en août 2019, mais qu'il avait été retiré un mois plus tard "compte tenu des réserves émises par l'ANSM". Or, "en l'absence d'essai ouvert et malgré les réserves émises par l'ANSM, l'IHU Méditerranée a continué à délivrer ces traitements", a expliqué la porte-parole de l'AP-HM.  

Complications rénales graves

L'enquête menée par l'organisme confirme par ailleurs que "certains" des patients traités contre la tuberculose avec la combinaison d'antibiotiques mise en cause ont été "atteints de complications rénales dont au moins un d'entre eux a nécessité une intervention chirurgicale", a écrit l'AP-HM. 

"Une tempête dans un verre d’eau"

L’AP-HM et l’ANSM vont conjointement poursuivre leurs investigations. L'ANSM a également indiqué à l'AFP qu'elle avait saisi le procureur de la République pour ces faits. De son côté, le professeur Raoult a répondu à cette affaire par un tweet le 25 octobre, indiquant que "les dernières « révélations » (étaient) une tempête dans un verre d'eau".