La tuberculose, une maladie qui résiste
La tuberculose, qui tue encore 1,4 million de personnes chaque année dans le monde, fait partie des maladies les plus mortelles de l'histoire. Cette maladie infectieuse est aujourd'hui considérée comme une urgence sanitaire par l'Organisation mondiale de la santé.
- Quels sont les symptômes de la tuberculose ?
- Une maladie très contagieuse
- Tuberculose : histoire d'une épidémie
- La tuberculose : un fléau social historique
- Vaccin BCG et antibiotiques : des armes efficaces contre la tuberculose
- La tuberculose, une maladie invincible ?
- La tuberculose multi-résistante
- En savoir plus sur la tuberculose
Plus de 10 millions de personnes contractent une tuberculose chaque année et 1,5 million de personnes en meurent chaque année d'après l'Organisation mondiale de la santé.
Il existe différentes formes de tuberculose : certaines atteignent les viscères, les reins, les méninges… Mais la forme pulmonaire est largement dominante et elle est très contagieuse, à l'inverse des formes situées en dehors des poumons.
Quels sont les symptômes de la tuberculose ?
Le germe tuberculeux est une bactérie : le bacille de Koch, ou Mycobacterium tuberculosis. Il entre le plus souvent par les poumons pour atteindre les alvéoles, ces petits sacs en grappe de raisin présents au bout de l'arbre bronchique. C'est le lieu des échanges respiratoires. Le bacille va se multiplier à l'intérieur des cellules de défense des alvéoles (les macrophages alvéolaires), puis progressivement attaquer le tissu pulmonaire. La personne peut souffrir alors de douleurs thoraciques, d'une toux persistante, accompagnée ou pas d'un un épuisement chronique, une perte de poids et d'appétit ou encore des crachats contenant du sang.
Une maladie très contagieuse
Dans les pays où la tuberculose pulmonaire est très présente, c'est une maladie très contagieuse qui se propage par les voies aériennes : l'éternuement, la toux, un crachat projettent les bacilles tuberculeux dans l'air ambiant.
En France, la contagiosité est nettement moins forte que dans les pays avec une épidémie de tuberculose. Une personne infectée contamine moins d'une personne (R0 inférieur à 1).
Dans environ 90% des cas, les personnes contaminés ne développent pas de symptôme et ils ne sont pas contagieux, la maladie est dite latente.
Mais dans 5% à 10% des cas, elle va se réveiller au cours du temps : les patients présentent alors des symptômes et deviennent contagieux. Toutes les personnes qui ont un système immunitaire affaibli (par exemple du fait du VIH, d'une malnutrition, d'un diabète), ont plus de risque d'être contaminés. Dans 80% des cas, la tuberculose touche les poumons et plus d'une fois sur deux, elle se localise en dehors des poumons (source : Pilly). L'OMS estime qu'un quart de la population mondiale présente une infection latente.
Tuberculose : histoire d'une épidémie
Au cours des siècles, les déplacements de population ont largement contribué à la dissémination de la maladie sur la planète.
Décrite dès l'Antiquité par Hippocrate, la tuberculose est d'abord connue sous le nom de phtisie, qui signifie dépérissement en grec. Mais on sait aujourd'hui que sa présence remonte à des dizaines de milliers d'années comme le confirme Roland Brosch, directeur de recherche en mycobactériologie à l'Institut Pasteur : "On peut estimer que les premiers bacilles tuberculeux sont apparus il y a 50 000 ou 70 000 ans en Afrique de l'Est. Et ils ont ensuite été transmis avec la migration des hommes de l'Afrique vers d'autres continents".
La tuberculose : un fléau social historique
Durant le XIXe siècle, la tuberculose cause des milliers de morts à travers l'Europe et devient un fléau social. Appelée peste blanche à cause de la pâleur des patients, la maladie s'accompagne de douleurs pulmonaires, de sueurs, ou encore d'une importante perte de poids. Sans remède la tuberculose est une condamnation à mort.
Mais à la fin du XIXe siècle, la découverte du bacille tuberculeux sonne comme un premier espoir : "en 1882, un médecin allemand, Robert Koch, a pu démontrer que la maladie a été causée par des bactéries qu'il a nommées mycobacterium tuberculosis", raconte Roland Brosch. Une découverte qui "a permis de savoir qu'on n'était plus face à un problème héréditaire (...), mais face à une maladie contagieuse et infectieuse. On a donc pu prendre des mesures pour éviter la contagion".
On comprend alors l'importance des conditions socio-économiques. Pour lutter contre l'insalubrité, les pouvoirs publics missionnent des visiteuses d'hygiène. Des infirmières jouant le rôle d'assistante sociale avant l'heure afin de montrer le chemin de la santé. Honorée du symbole de la double croix, la tuberculose devient un combat international. Son incidence diminue alors lentement. Mais on ne sait pas encore guérir la maladie. Le seul traitement connu, c'est l'air pur et les sanatoriums destinés aux soins des tuberculeux montrent leurs limites.
Vaccin BCG et antibiotiques : des armes efficaces contre la tuberculose
Il faut attendre 1921 pour la mise au point du premier vaccin. Depuis l'Institut Pasteur de Lille, Albert Calmette et Camille Guérin créent le BCG. "Il s'agissait d'une vaccination orale, des cultures vivantes de cette bactérie ont donc été données aux enfants. Et après ce vaccin, on a nettement remarqué une baisse de l'incidence de la tuberculose et des cas de tuberculose en France".
Dans les années 40, la découverte des antibiotiques bouleverse la prise en charge de la maladie. Elle améliore de manière spectaculaire le pronostic vital des patients. Véritable rempart thérapeutique, les antibiotiques repoussent la tuberculose. Dans l'hémisphère nord, on pense alors l'épidémie sous contrôle. Mais avec l'épidémie de sida qui affaiblit le système immunitaire, le bacille de Koch ressurgit au début des années 90 sous des formes résistantes aux traitements.
Aujourd'hui stabilisée en France, son incidence reste très surveillée par les autorités.
La tuberculose, une maladie invincible ?
La vaccination contre le BCG n'est plus obligatoire en France depuis 2007. Mais elle reste fortement conseillée pour les populations à risque. Des recommandations qui ne sont pas toujours suivies. Certaines régions, comme l'Ile-de-France, deviennent ainsi des réservoirs de l'épidémie.
Le traitement antibiotique existant est très efficace, il permet de guérir l'immense majorité des patients en six mois. Mais dans certains cas, la guérison est plus compliquée. Des formes résistantes de la maladie peuvent en effet se développer, et notamment à la rifampicine.
La tuberculose multi-résistante
Depuis plusieurs années, on observe une multiplication en France de patients atteints de tuberculose multirésistante. Venus pour la plupart d'Europe de l'Est et notamment de Géorgie, ces malades savent qu'ils pourront bénéficier en France d'un suivi très rigoureux.
En France, chaque année, plus de 4 300 nouveaux cas de tuberculose sont déclarés d'après Santé publique France. Parmi eux, de nombreux cas de tuberculoses sont résistants aux antibiotiques classiquement utilisées. D'autres molécules sont heureusement efficaces, comme la clofazymine ou l'amykacine par exemple.
Il existe des centres de lutte anti-tuberculose dans tous les départements où l'on peut se faire dépister et obtenir un traitement gratuit. Aujourd'hui, un tiers de la population mondiale est infecté, et 22 pays totalisent à eux seuls 80% des cas mondiaux.
Un cocktail associant plusieurs antibiotiques à de la bédaquiline a d'excellents résultats d'après plusieurs études (80% de guérison) sur la tuberculose multi-résistante. Mais il présente un obstacle majeur : son coût.
Depuis 2020, une association en comprimés est recommandée durant 9 mois : bédaquiline et linézolide, avec deux autres traitements (levoflaxine ou moxifloxacine, et de la cycloserine ou de la clofazimine). L'arsenal thérapeutique contre la tuberculose s'enrichit.
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