Conduire une voiture malgré la cécité, c'est possible !

Ils sont passionnés de voitures, se réunissent tous les ans sur le circuit automobile du Var et partagent un point commun : ils sont tous aveugles... ce qui ne les empêche pas de prendre le volant. Reportage.

Charlotte Rothéa
Rédigé le
Le plaisir de la conduite pour les malvoyants
Le plaisir de la conduite pour les malvoyants  —  Le Mag de la Santé - France 5

C’est une séance de conduite pas comme les autres. Au volant, Serge, ne voit pas la route. Il est aveugle depuis ses 35 ans. Le copilote lui permet de conduire en lui transmettant précisément ce qu’il voit et, en cas de défaillance, il a lui aussi le contrôle des pédales.

Anticiper et communiquer

"Mon travail est de donner la bonne trajectoire à la voiture et la bonne direction. Il faut vraiment anticiper parce qu'entre le moment où je perçois l’information, que je l’analyse, que je la dicte, que lui la reçoive et qu’il la retransmette aux roues... ce temps de réaction est à 3 ou 4 secondes", explique Gérard Avellaneda, moniteur d'auto-école.   

Et pour Serge, passionné de voiture, rouler, même sur un circuit, et accompagné d’un copilote, est toujours un bonheur."Si je peux être le plus précis possible et arriver à faire plaisir à mon copilote qui me dit d’aller là, et que lui pense que je vais bien aller à la place qu’il me dit, c’est pour moi la meilleure des satisfactions", commente Serge.  

Déjà un millier de conducteurs séduits

Cette activité sur circuit a déjà séduit près d’un millier de conducteurs d’un jour. Elle a été imaginée par Luc, aveugle lui aussi."Il y a beaucoup de frustration d’être spectateur. Le fait de pouvoir être acteur de notre déplacement, pouvoir mettre en mouvement la voiture grâce à un copilote, ça rehausse l’estime qu'on a de soi. C'est un moment formidable qu'on peut vivre lors de nos manifestations", explique Luc Costermans, fondateur de l'association NVDM.

"Comme un gosse dans un magasin de jouets"

Parmi les participants, certains n’avaient jamais pu passer leur permis. C’est le cas de Virgile :"Le peu que j’ai vu étant petit, je ne m'en souviens pas, j'ai eu un rétinoblastome bilatéral, une forme de cancer" témoigne-t-il. "Il y a des activités auxquelles je n’ai jamais pu prétendre. Quand j’ai eu l’opportunité, il y a une dizaine d’années, de découvrir tout ça, j’étais comme un gosse dans un magasin de jouets", se réjouit-il.

Depuis, il ne rate aucune occasion de prendre le volant. Ce qui le motive, c’est la sensation que procure la conduite."C'est vraiment une évasion, j’ai envie de dire que le sentiment est plus qu’extraordinaire", précise Virgile.

Chaque année, Virgile et Serge participent à une dizaine de sessions sur circuit comme celle-ci.