Bruit des avions : "On arrive à des niveaux de stress insupportables"

Le bruit des avions de l’aéroport Toulouse-Blagnac a retrouvé son niveau d’avant Covid. Et les habitants subissent ces nuisances sonores toutes les cinq minutes de jour comme de nuit, ce qui nuit gravement à leur santé.

Anaïs Plateau
Rédigé le
Aéroport de Toulouse : le cauchemar des riverains
Aéroport de Toulouse : le cauchemar des riverains  —  Le Mag de la Santé - France 5

À l'aéroport de Toulouse-Blagnac, les avions décollent et atterrissent jour et nuit et les riverains n’en peuvent plus. Les trajectoires au décollage dépendent de l’orientation du vent. Et selon la météo, ils peuvent passer au-dessus des habitations et atteindre jusqu'à 95 décibels.

"On voit arriver une grosse période de vent d'autan, c’est un vent du sud-ouest qui fait que les avions décollent directement sur la ville et ils déboulent sur l'hôpital et sur nous tous avec des niveaux de bruit énormes", explique Catherine Stolbowsky du collectif "Pas d’avions à l’hôpital Purpan".

Deux fois plus de décibels que recommandé

Concrètement, depuis le balcon des riverains, les bruits très pénibles retentissent toutes les cinq minutes, autant de jour que de nuit."Aujourd'hui, on arrive à des niveaux de pollution sonore et de stress qui sont devenus insupportables. C’est une véritable torture psychologique", commente Amine Alaoui, riverain.

En 2020, des micros ont été installés sur le toit de l’hôpital voisin, le CHU Purpan. C'était une demande de la préfecture et de la région. Les décibels relevés alimentent le ras-le-bol des riverains rassemblés dans un collectif.

"On a quand même 95.5 décibels. Le maximum recommandé par l'OMS, c'est 45 le jour et 40 la nuit, on est pratiquement le double", précise Catherine Stolbowsky.

Un risque accru de crise cardiaque

Cette nuisance sonore aurait des conséquences assez graves sur la santé. Un cardiologue a signé récemment une tribune pour alerter. Selon une étude de 2020, vivre aux abords d’un aéroport augmenterait le risque de mourir d’un infarctus et ça, à chaque fois que les riverains sont soumis à 10 décibels de plus que 50 décibels environ. 

"Si vous passez dans une zone qui est à 50 décibels, votre risque va augmenter de 28 % de mortalité par infarctus. Si vous passez de 50 à 60, il va encore augmenter de 28 %, ce qui est quelque chose d'extrêmement important. Il y a des gens qui vont mourir de par cette exposition au bruit", confie le Dr Alexandre Duparc, cardiologue au CHU de Rangueil, à Toulouse.

Une double peine pour les soignants

À l’hôpital, c’est double peine. Les patients ont du mal à se reposer et les soignants subissent aussi ce bruit. Julien Terrié est syndicaliste, il a saisi le comité d’hygiène et de sécurité au travail. Il demande le changement de trajectoire des avions.

"C’est une forme de maltraitance des hospitaliers, une de plus qu'on subit tous les jours. Ce qu'on a demandé en comité d'hygiène de sécurité, c'est qu'avec la direction du CHU, on puisse rencontrer la direction de l'aéroport. Il faudrait déplacer les plans de vol pour pouvoir faire comme avant 2016, que les avions n’aient pas autant de nuisance sur les hôpitaux", explique Julien Terrié, secrétaire CGT/CHU Toulouse.

Au total, 14 000 personnes subiraient le bruit des avions dans l’agglomération toulousaine.