Notre-Dame : après l’incendie, des risques d’intoxication au plomb pour les riverains

Selon l’ONG Robins des Bois, plusieurs centaines de tonnes de plomb se sont dispersées autour de la cathédrale, en partie dans les habitations environnantes.

Maud Le Rest
Rédigé le
Notre-Dame : après l’incendie, des risques d’intoxication au plomb pour les riverains
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Après le drame de l’incendie, la menace du saturnisme. Quand Notre-Dame a brûlé, plusieurs centaines de tonnes de plomb, contenues dans la flèche et dans les superstructures, se sont dispersées autour de la cathédrale. Depuis, le Laboratoire Central de la préfecture a décelé "la présence de plomb dans certaines zones, […] notamment dans des locaux qui ont pu être laissés ouverts au moment de l'incendie". D’après l’ONG environnementale Robins des Bois, les riverains pourraient être directement touchés. "Tous sont concernés, en priorité ceux qui ont ouvert leur fenêtre au moment de l’incendie et ceux qui étaient sur leur balcon", affirme Jacky Bonnemains, porte-parole de Robins des Bois.

"Les autorités de santé doivent organiser un dépistage"

Comme il l’explique, il y a deux phases de propagation. Durant l’incendie tout d’abord, le panache de fumée s’est dirigé vers les 6e, 7e et 1er arrondissements de Paris, et vers le jardin des Tuileries. "Les badauds qui s’y trouvaient sont susceptibles d’avoir été touchés par des résidus toxiques de plomb" indique Jacky Bonnemains. Les vents tourbillonnants ont ensuite dispersé les poussières – un phénomène qui pourrait perdurer avec les pluies et les sécheresses successives. "Les riverains ont aussi pu ramener chez eux des poussières déposées sur leurs chaussures" ajoute le porte-parole, qui note par ailleurs qu’il existe un vrai risque de migration du plomb dans les sols des appartements.

Quels risquent encourent les riverains ? "Si des personnes ont inhalé du plomb, les autorités de santé doivent organiser un dépistage pour vérifier les taux de plomb dans leur sang" estime la Dre Mady Denantes, médecin généraliste spécialiste du saturnisme. Les femmes enceintes, les jeunes enfants et les femmes en âge de procréer devraient être les premiers concernés, précise-t-elle. La médecin s’inquiète notamment du risque de petites intoxications chez les enfants, qui peuvent avoir des conséquences sur leur développement psychomoteur.

Préférer les lingettes à l’aspirateur

Dans un communiqué commun, l’Agence régionale de santé (ARS) Île-de-France et la préfecture de police conseillent aux riverains de nettoyer leurs meubles avec des lingettes. Jacky Bonnemains apporte quelques précisions : au-delà des meubles, il faut également nettoyer "de manière méthodique et minutieuse" les murs et les plafonds. Après utilisation, il faut plier les lignettes en deux, face polluée contre face polluée, puis les mettre dans un petit sac poubelle, qu’on placera ensuite dans un plus grand sac, à jeter dans le bac non recyclable.

"A l’heure actuelle, il n’existe pas d’autre dispositif que celui-là" regrette le porte-parole de Robins des Bois. Passer l’aspirateur serait en effet une très mauvaise idée, puisque les poussières seraient dispersées dans l’appartement, et qu’il n’existe pas de filtre assez fin pour capter toutes les particules. "Se pose également le problème de l’élimination des sacs", ajoute Jacky Bonnemains. Toutefois, Fabien Squinazi, directeur adjoint du Laboratoire d'hygiène de la Ville de Paris, tient à rassurer : les habitants peuvent toujours faire appel à une entreprise pour un nettoyage complet de leur logement.

Fabien Squinazi se veut d’ailleurs moins alarmiste que l’ONG Robins des Bois. Pour le médecin biologiste, cette situation est momentanée, l’incendie ayant dispersé la grande majorité des poussières de plomb. Toutefois, il est à l’heure actuelle impératif pour les riverains de bien se laver les mains, comme celles de leurs enfants. La préfecture de police a par ailleurs rappelé que les cas d'intoxication au plomb étaient très rares, et qu’aucun n'avait été recensé depuis l'incendie.