"120 battements par minute", le film coup de poing sur l'épidémie du sida

Le film "120 battements par minute", a été le grand gagnant de la 43è cérémonie des Césars. Il a remporté six récompenses dont celle de meilleur film. Ce long métrage relate le combat de l'association Act Up au début de l'épidémie du sida dans les années 90 en France.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Entretien avec Philippe Mangeot, professeur et ancien président d’ActUp, et avec Antoine Reinartz, acteur et réalisateur
Entretien avec Philippe Mangeot, professeur et ancien président d’ActUp, et avec Antoine Reinartz, acteur et réalisateur

Là où de nombreux films sur l'épidémie qui a fait des ravages dans la communauté homosexuelle s'attardent sur des destins individuels, Robin Campillo a fait le pari du collectif et livre un film politique.

"Au début de l'épidémie, les gens ont vécu dans leur coin. Avec Act Up, des malades ont voulu casser la malédiction intime pour rendre la maladie plus visible et mettre les politiques face à leurs responsabilités", a raconté le réalisateur à l'AFP. Act Up, c'était "ne plus subir l'épidémie, en être aussi acteur", explique celui qui a été militant de l'association, connue pour ses slogans choc et ses opérations spectaculaires telles que les "die in", avec des participants s'allongeant par terre et faisant les morts.

De la mort, il est bien évidemment question, mais c'est surtout le combat contre l'indifférence, les laboratoires et la maladie qui passe au premier plan. "Le film ne donne pas de conseils mais rappelle juste ce rassemblement de gens contre cette épidémie qui ont construit une conscience et des luttes politiques", souligne Robin Campillo. "C'est très difficile de créer un mouvement politique. Ca prend quand ce sont des luttes, et moins des causes, surtout quand les corps sont concernés. Cela a été le cas pour l'avortement et le sida", a-t-il estimé le 20 mai en conférence de presse.

La musique house donne son titre au film

De l'aventure Act Up, il a voulu restituer les opérations spectaculaires à coups de jets de poches de faux sang, les débats tendus pour décider des actions à mener, des positions à adopter et des avancées médicales... Mais il montre aussi le sexe, l'amour, les gay pride et les soirées exutoire au son de la musique house, qui donne son titre au film. "Une musique inquiète comme la maladie et l'époque", souligne le réalisateur des "Revenants" et d'"Eastern Boys". "Elle permet de se replonger dans les années 90 mais on ne cherche pas à faire un film d'époque".

"En interpellant les politiques avec des actions fortes et symboliques, Act Up a joué un rôle fondamental", se souvient Jean-Luc Romero, premier homme politique français à avoir révélé sa séropositivité. "A l'époque, ils étaient dans l'urgence et pensaient mourir". "J'espère que des films comme celui-là vont aider à démontrer que pour que les politiques agissent, il faut la pression des gens", souligne l'actuel président de l'association des élus contre le sida.

Collaborateur de longue date du cinéaste Laurent Cantet (Palme d'or 2008 avec "Entre les murs"), Robin Campillo s'est entouré pour son troisième film de Philippe Mangeot, ancien président d'Act Up de 1997 à 1999 pour écrire le scénario. Premier des quatre long-métrages français de la compétition cannoise, "120 battements par minute" est sorti sur les écrans fin août 2017 en France. Il a remporté le Grand Prix du Jury lors du dernier festival de Cannes.