Anxiolytiques, somnifères : comment se sevrer des benzodiazépines

Un tiers des plus de 65 ans consomme des benzodiazépines régulièrement. Dans cette tranche d'âge, les risques d’effets secondaires sont plus importants. Une équipe du CHU de Toulouse vient de lancer une étude pour faciliter le sevrage, à l’aide notamment d’une montre connectée.

Maroussia Renard
Rédigé le
Anxiolytiques, somnifères : comment se sevrer ?
Anxiolytiques, somnifères : comment se sevrer ?  —  Le Magazine de la Santé - France 5

Marie Nonis a commencé à prendre des anxiolytiques au décès de sa mère.

"J’en prenais un demi le matin, un demi à midi et parfois le soir si je n’arrivais pas à dormir, j’en prenais un demi pour essayer d’avoir une meilleure nuit", explique-t-elle.

Rapidement, la dépendance s’installe et en septembre dernier, Marie, 77 ans, décide de participer à une étude lancée par le CHU de Toulouse pour l’aider à se sevrer de ces médicaments. 

Évaluer son rythme de vie

Le protocole associe une diminution très progressive des doses à l’utilisation d'une montre connectée qui mesure notamment l’activité physique.

"La montre m’aide surtout à marcher plus. Je me suis lancée le défi de faire 7 000 pas par jour. Tant que je n'avais pas atteint cet objectif, je repartais pour marcher et je regardais la montre. Je suis finalement devenue dépendante de la montre, plutôt que du médicament"
, précise Marie Nonis.

Pour Marie, le sevrage a duré 5 mois. Elle a définitivement tourné la page des benzodiazépines grâce à l’accompagnement médical, mais également grâce à cette montre connectée. C’est tout le pari de cette étude qui s’adresse aux plus de 65 ans.  

"Cette montre, permet d’enregistrer des données telles que le nombre de pas, le temps de sommeil, l'heure du coucher, l'heure du réveil, etc. L'application doit jouer un rôle motivationnel pour encourager ces seniors à réduire la posologie de leurs médicaments", explique le Dr Cécile Mc Cambridge, pharmacienne au CHU de Toulouse.

Un risque de dépendance

Françoise a elle aussi décidé de participer à cette étude. Après 15 ans de dépendance aux somnifères, elle vient de terminer son sevrage. Elle a rendez-vous aujourd’hui pour faire le bilan. À 81 ans, cette patiente bataille pour retrouver un sommeil naturel.

"Je ne m’endors pas bien pas et je ne dors pas assez. Le sevrage est très difficile pour moi. Je ne me sens pas plus en forme", explique Françoise Hisbacq, 81 ans.

Pour l’inciter à ne pas renoncer malgré les difficultés, Françoise va bénéficier d’un entretien avec un gériatre. Arrêter un médicament comme celui-ci est vraiment un combat contre la dépendance.

Des effets secondaires dangereux

Chaque comprimé évité est une victoire. Chez les personnes âgées, les benzodiazépines entraînent de nombreux effets secondaires.

"Le premier effet est la forte fatigue qui altère la qualité de vie", explique le Dr Antoine Piau, gériatre au CHU de Toulouse. "Les médicaments augmentent aussi le risque de chutes. Ils rendent également dépendants et augmentent le risque d’avoir une maladie de la mémoire."

En France, 1 personne âgée sur 3 prend régulièrement des benzodiazépines, parfois depuis des années. Pourtant, les recommandations sont très claires, la prescription doit être limitée à 12 semaines maximum.