Médicaments : quand les ordonnances sont trop longues

Les médicaments s'additionnent sur les ordonnances mais sont-ils toujours utiles et sans danger ? Reportage auprès de l'équipe mobile de l’hôpital de Bourges qui se rend chez les patients pour réaliser un bilan complet.

Cécile Guéry-Riquier
Rédigé le
Un bilan à domicile pour revoir son ordonnance
Un bilan à domicile pour revoir son ordonnance  —  Le Mag de la Santé - France 5

Olivia est infirmière pour l’équipe mobile de l’hôpital de Bourges. Elle se rend régulièrement au domicile des personnes âgées pour réaliser leur bilan de santé.

Viviane, 70 ans, a fait appel à cette infirmière pour faire le point. Elle prend chaque jour plus d’une dizaine de médicaments pour soigner ses nombreux problèmes de santé. Lors de leur première rencontre, l’infirmière avait remarqué des symptômes de dépression et une prise importante de benzodiazépines.

Vérifier les effets secondaires des traitements

"Ça fait 40 ans que vous prenez du lexomil qui n’est pas un traitement pour la dépression. Le lexomil soigne l’anxiété", explique Olivia Fournier Westbrook, infirmière au sein de l'Equipe Mobile Gérontologique Territoriale du Cher. 

C'est un premier point à revoir sur cette longue ordonnance. Le rôle de l’infirmière est aussi de s’assurer que Viviane connait bien les modes d’action de ses médicaments. 

Lors de cet entretien, Olivia évalue aussi les possibles effets secondaires des traitements. Par exemple les chutes brutales de tension, particulièrement redoutées chez la personne âgée. Pour s’en assurer, elle fait le test avec sa patiente, d’abord allongée, puis debout.

"On voit souvent des traitements que les patients prennent depuis des années et qui sont reconduits systématiquement. Mais quand les traitements s’accumulent, cela donne un effet cocktail, qui est plus un effet délétère que bénéfique", explique Olivia Fournier Westbrook. 

Une ordonnance plus efficace

Grâce à ce bilan médical qui a duré plusieurs heures, le gériatre va pouvoir réaliser une analyse complète, et proposer une ordonnance plus efficace."On va préconiser trois types de choses. Soit arrêter un traitement ou proposer un sevrage, dans le cas de cette dame on va proposer un sevrage en benzodiazépines. Soit préconiser des substitutions ou encore proposer de nouveaux médicaments. On va faire un bilan d'ostéoporose avec l'infirmière et s'il y a un besoin d'un traitement anti-ostéoporotique, on va le proposer", confie le Dr Vianney Breard, gériatre au GHT du Cher.

Ces préconisations sont ensuite envoyées au médecin traitant. Un nouveau rendez-vous est programmé six mois plus tard, pour évaluer les modifications des traitements. Plus de 700 patients du département ont déjà bénéficié de cette initiative.