Affaire Guerriau : qu’est-ce que la soumission chimique ?

Le sénateur Joël Guerriau est accusé d’avoir drogué la députée Sandrine Josso dans le but de l’agresser sexuellement. La victime dénonce une soumission chimique et appelle le gouvernement à agir contre ce "fléau".

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Soumission chimique : le combat d'une députée
Soumission chimique : le combat d'une députée  —  Le Mag de la Santé - France 5

"J'ai cru mourir." C’est ce qu’a déclaré la députée de Loire-Atlantique Sandrine Josso, qui accuse le sénateur Joël Guerriau de l’avoir droguée en vue de l’agresser sexuellement. Elle a raconté le 20 novembre dans l’émission C à vous sur France 5, être allée "en confiance" et "en toute amitié" fêter la réélection de son collègue sénateur.

Elle témoigne avoir consommé au cours de la soirée des verres de champagne qui semblaient contenir une drogue. Elle a alors été prise de "palpitations" et de "sueurs", avant de parvenir à s'enfuir. "J'étais paniquée, mon coeur battait... J'avais l'impression de faire une crise cardiaque", a-t-elle ajouté. Sandrine Josso a estimé qu'"on peut tous subir ce que j'ai subi" et que "(son) devoir est de sensibiliser", mais aussi d'"enjoindre le gouvernement à faire quelque chose par rapport à ce fléau" de la soumission chimique.

Qu’appelle-t-on soumission chimique ?

La "soumission chimique" est décrite par le Code pénal comme "le fait d'administrer à une personne, à son insu, une substance de nature à altérer son discernement ou le contrôle de ses actes afin de commettre à son égard un viol ou une agression sexuelle". Elle est punie de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 € d'amende.

Ce procédé est pourtant loin d’être unique. Ainsi, en 2021, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) recensait 727 cas relevés par des structures de dépistage. Les faits se produisent en grande majorité dans des contextes festifs, comme des soirées, d’après Françoise Brié, directrice générale de la Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF).

"C’est une stratégie de certains agresseurs d’utiliser des produits tranquillisants pour avoir des rapports sexuels non consentis", expliquait à Allo Docteurs la directrice de la FNSF. "C’est tout simplement un viol."

Quelles substances sont utilisées ?

L’utilisation de GHB, désignée comme la drogue du violeur, reste relativement rare dans le cadre de la soumission chimique en France. Le plus souvent, ce sont des médicaments qui sont utilisés, en particulier des somnifères ou des anxiolytiques comme les benzodiazépines, qui ont des propriétés hypnotiques ou qui font dormir. Dans le cas de Sandrine Josso, c’est une drogue, l’ecstasy, qui semble avoir été utilisée.

Les médecins peuvent retrouver des traces de ces substances dans le sang, dans la salive ou dans les urines de la victime. Mais cela n'est possible que si elle se signale suffisamment rapidement. Le GHB, par exemple, est détectable pendant 6 à 12 heures après sa consommation.

Après quelques jours, il est toujours possible de retrouver des traces de drogues ou de médicaments mais plutôt dans les cheveux de la personne.

Comment reconnaître une soumission chimique et que faire ?

Si vous avez des doutes sur une éventuelle soumission chimique pendant une soirée et que vous vous sentez sous l'emprise d'une substance, arrêtez de consommer de l'alcool et rapprochez vous d'une personne de confiance ou composez le 15, le 17 ou le 18.

Les cas de soumission chimique les plus fréquents sont ceux de femmes qui se réveillent en n'ayant que très peu de souvenirs de leur soirée et qui s’aperçoivent qu’elles ont peut-être été droguées. Elles doivent alors se rendre aux urgences le plus vite possible pour effectuer des analyses et un examen clinique qui permettront de détecter l’éventuelle présences de substances hypnotiques et des signes d’agression sexuelle.

La victime peut alors porter plainte, même si les faits se sont produits dans un cadre festif et qu’elle avait consommé de l’alcool. "Cela ne doit pas empêcher les suites judiciaires, revendiquait Françoise Brié auprès d’Allo Docteurs. Il ne faut jamais donner d’excuse à l’agresseur. Rien ne justifie un viol ou une agression !