Les pharmaciens, des commerçants comme les autres ?

D'après une étude menée par l'association de consommateurs UFC-Que Choisir, les pharmacies françaises ne remplissent pas correctement leur devoir de conseil. Ce constat, ajouté aux prix des médicaments en vente libre jugés excessifs, amène l'association à réclamer une réforme en profondeur de l'automédication.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

- Entretien avec Alain Bazot, président de l'UFC-Que Choisir, et Jean-Luc Audhoui, représentant de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, invités dans le Magazine de la santé du 28 mars 2012 -

 

"Bonjour donnez-moi une boîte d'aspirine et d'ibuprofène s'il vous plait." Cette phrase banale devrait systématiquement faire réagir tout pharmacien et l'amener à mettre en garde son client contre le risque que représente l'association de ces deux anti-inflammatoires. À savoir, de sérieuses brûlures d'estomac.

Le pharmacien, un commerçant comme un autre ?

Mais d'après une enquête de terrain menée par l'UFC-Que Choisir dans pas moins de 648 officines, les pharmaciens manqueraient à tous leurs devoirs : seul un sur deux a signalé spontanément la contre-indication entre les deux médicaments à l'acheteur.

"Cette enquête met en lumière une défaillance majeure de la part des pharmaciens sur leur obligation de conseil", a estimé devant la presse Alain Bazot, président de l'UFC-Que Choisir. Ce qui leur vaut d'être taxés de "commerçants comme les autres". L'association estime que ces constatations confirment ce qu'avait révélé une de leurs précédentes enquêtes, c'est-à-dire "un conseil grippé, une opacité des prix et une inquiétante fièvre tarifaire" dans les officines françaises.

Libéralisation de la vente des médicaments conseils

Alors, punis, les pharmaciens ? Conséquence ou pas de ces résultats préoccupants, l'UFC-Que Choisir entend s'attaquer à un des acquis de la profession : le monopole de la vente de médicaments. L'association de consommateurs s'est prononcée en faveur de l'autorisation de la vente de médicaments non soumis à prescription dans les parapharmacies et les grandes surfaces. Un débat qui revient régulièrement sur le devant la scène.

Mais cette vente devrait tout de même avoir lieu "sous la surveillance directe d'un pharmacien diplômé", dans les mêmes conditions qu'en pharmacie d'officine. Car, paradoxalement, malgré la mise en doute des qualités professionnelles des officinaux, les consommateurs ne semblent pas disposés à se passer d'eux.

Des écarts de prix de un à quatre

La motivation principale de l'UFC-Que Choisir dans cette prise de position est bien évidemment la baisse des prix de vente des médicaments conseils. Elle estime entre 11,4 % et 16,3 % l'économie pour les consommateurs qu'engendrerait la libéralisation encadrée de la distribution de ces médicaments.

L'association pointe du doigt les énormes différences de prix d'une pharmacie à l'autre. Son enquête a par exemple montré un écart de un à quatre (de 1,30 euro à 4,95) sur le prix d'une boîte d'aspirine vitaminée achetée dans 547 officines.

Parallèlement, l'association demande l'interdiction de la publicité, en dehors des lieux de vente ainsi qu'une information très lisible sur les interactions à éviter et contre-indications principales sur la boîte même de ces médicaments. En somme, les mêmes informations que celles déjà présentes… sur la notice.

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