Cancer : une protéine pour bloquer les métastases

Une équipe de chercheurs suisses a peut-être trouvé la clé pour bloquer le développement des métastases, ces cellules cancéreuses qui constituent l’un des grands risques de complications dans le cancer. La solution pourrait se trouver dans une protéine selon leur article publié dans la revue Nature.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

- Entretien avec le Dr Bernard Escudier, responsable des programmes de recherche sur le cancer du rein à l'Institut Gustave Roussy (Villejuif) -


À l'origine des cancers, on trouve une cellule unique dont le patrimoine génétique est altéré. C'est cette modification qui cause une multiplication à l'infini de cette cellule et par là-même le développement de la tumeur maligne qui envahit progressivement les tissus sains autour d'elle et menace les fonctions vitales.

La formation des métastases

L'autre risque est que ces cellules cancéreuses se détachent de la tumeur et migrent partout dans le corps par l'intermédiaire du sang ou de la lymphe. C'est ce qu'on appelle les métastases. Disséminées dans l'organisme, vers les os, le foie par exemple, elles vont être plus difficiles à cibler par les traitements, ce qui accélère souvent la progression de la maladie et la dégradation de l'état du malade.

La périostine

Une équipe de chercheurs de l'Institut Suisse de Recherche Expérimentale sur le Cancer (ISREC) et de l'Ecole polytechnique de Lausanne (EPFL) a travaillé sur les cellules à l'origine de ces métastases. Parmi toutes les cellules cancéreuses diffusées par la tumeur, seules certaines - les cellules souches cancéreuses – sont capables de développer des métastases à condition de trouver un terrain propice. Les cancérologues parlent d'une niche.

En étudiant ces niches chez la souris, les chercheurs ont découvert une protéine, la périostine. Une fois isolée, ils ont constaté qu'en son absence aucune métastase ne s'était formée chez le rongeur.

Un anticorps pour bloquer la protéine

Ils en ont conclu que bloquer le fonctionnement de cette périostine empêchait la métastase. De la théorie, les chercheurs sont passés à la pratique. Ils ont développé un anticorps qui en adhérant à la protéine l'a empêché de fonctionner chez la souris.

Il reste à savoir si cet anticorps sera transposable à l'homme. La question des effets secondaires se pose aussi. Si chez la souris le blocage de l'action de la protéine n'a entraîné que peu d'effets secondaires, rien ne dit que ce soit le cas pour l'homme.

 

Source : "Intercations between cancer stem celles and their niche govern metastatic colonization", Nature, Ilaria Malanchi & Albert Santamaria-Martinez, 26 July 2010; Published online 7 December 2011

 

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* Réponses du Pr. Jean-François Morere, oncologue à l'hôpital Avicenne

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