Pilule contraceptive : pourquoi tant de défiance ?

Aujourd'hui, la méfiance vis-à-vis de la pilule n'a jamais été aussi forte. On parle même d'une génération "no pilule", qui reproche au corps médical d'être pro-pilule.

La rédaction d'Allo Docteurs
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La loi Neuwirth légalisant la contraception a 50 ans. Cette loi a changé la vie des femmes et des couples, pourtant l'usage de la pilule est aujourd'hui très contesté.

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Depuis quelques années, de plus en plus de femmes disent non à la pilule. Sabrina Debusquat, journaliste et auteure du livre "J'arrête la pilule", fait partie de cette génération "no pilule". Elle a réalisé un sondage auprès de 3.600 femmes pour comprendre ce désamour pour la pilule.

Le désamour des Françaises pour la pilule contraceptive

"Quand je pose la question « pourquoi avez-vous arrêté la pilule », la première réponse est « à cause des effets secondaires bénins mais pénibles au quotidien ». Il s'agit de la baisse de libido, des migraines, des prises de poids", explique-t-elle. Craindre pour sa santé, peur des hormones, marre de prendre un médicament quotidiennement, préoccupation écologique... les causes d'arrêt de la pilule répertoriées dans ce sondage sont nombreuses.

Pour le Dr Joëlle Brunerie-Kauffmann, gynécologue, qui a milité dans les années 60 pour l'accès à la contraception, les craintes vis-à-vis de la pilule ont toujours existé : "À l'époque, il y avait déjà eu des enquêtes. La pilule n'a pas été mise comme ça sur le marché. Il y a eu des enquêtes dans les pays étrangers sur les deux vrais seuls inconvénients de la pilule : les troubles cardiovasculaires qui avaient été évoqués à l'Assemblée en 1966 par le ministère des Affaires sociales et le risque cancérigène qui plane toujours et qu'on n'a jamais réussi à éliminer", se souvient le Dr Brunerie-Kauffmann.

Les bénéfices supérieurs aux risques

Mais pour cette génération qui a vécu l'arrivée de la pilule comme une libération, il est difficile de comprendre le courant "no pilule" : "La mouvance actuelle est extrêmement nouvelle. Car elle s'inscrit dans une mouvance bio-écolo où tout doit être naturel. La pilule est un médicament. Ce n'est pas naturel par définition (…) si on veut faire nature, on est enceinte chaque année comme dans les pays où les femmes n'ont pas droit à la contraception".

Si les inquiétudes sur les effets secondaires de la pilule sont légitimes, lorsque celle-ci est bien prescrite, en tenant compte des antécédents familiaux, les bénéfices sont supérieurs aux risques.