La circoncision pourrait contribuer à réduire l'épidémie de VIH en Afrique

A la suite d'une campagne de circoncision en Afrique du Sud, des chercheurs français ont constaté une réduction du taux de nouvelles infections, chez les hommes circoncis, de l'ordre de 60% par rapport aux non circoncis. Cette opération chirurgicale pourrait ainsi aider à diminuer le nombre d'infections dans des régions où l'arsenal préventif existant s'avère insuffisant.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Un programme de circoncision volontaire à grande échelle a permis de réduire significativement le taux de nouvelles infections par le virus du sida (VIH) des hommes hétérosexuels dans un bidonville sud-africain, selon une étude publiée le 3 septembre 2013, dans la revue en ligne Plos Medicine.

La circoncision : une protection contre le VIH

"L'effet protecteur de la circoncision sur le risque d'être infecté par le VIH chez l'homme avait déjà été montré dans un essai clinique réalisé en 2005 en Afrique du Sud, et confirmé par des essais au Kenya et en Ouganda, mais nous n'avions pas la preuve jusqu'à présent que la méthode était utilisable dans la vraie vie [et à grande échelle]", explique le professeur Bertran Auvert, qui a dirigé l’étude, dans un entretien accordé à l’AFP.

Conduite par des équipes françaises, américaines et sud- africaines entre 2007 et 2011 dans le bidonville d'Orange Farm en Afrique du Sud (200.000 habitants), l’étude a consisté à proposer une circoncision gratuite et médicalisée à tous les hommes âgés de plus de 15 ans. Plus de 20.000 circoncisions ont été réalisées au total.

En interrogeant un échantillon de quelque 3.000 hommes, les chercheurs ont découvert une réduction du taux de nouvelles infections chez les hommes circoncis allant de 57 à 61% par rapport aux non circoncis, alors même que les comportements sexuels (usage du préservatif, nombre de partenaires) n'étaient pas différents dans les deux groupes. La circoncision s'est avérée particulièrement efficace chez les 15-29 ans, les chercheurs estimant qu'en l'absence du programme de circoncision, le nombre d'infections par le VIH aurait été 28% plus élevé dans cette tranche d'âge (19% pour l'ensemble de la population étudiée).

"L'étude montre qu'il est possible d'obtenir ce résultat en seulement quelques années, y compris dans des populations où la circoncision n'est pas une pratique usuelle, comme les pays d'Afrique australe et orientale où se concentre 50% de l'épidémie mondiale de sida" commente le professeur Auvert. Le résultat est publié alors que des programmes de circoncision débutent dans 14 pays d'Afrique, à la suite de préconisations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et d'Onusida qui recommandent depuis 2007 la circoncision comme stratégie de prévention additionnelle du VIH.

La circoncision n'empêche pas la transmission du VIH par le sperme

L'effet protecteur résulterait d'une transformation de la muqueuse du gland. Après l'opération, une couche de cellules se forme sur la muqueuse, limitant l'entrée du VIH. La pratique de la circoncision n'empêche en revanche pas la transmission du virus par le sperme. Les femmes ou les partenaires homosexuels passifs d'un homme circoncis porteur du virus ne bénéficient d'aucune réduction du risque de contamination.

Pour le professeur Auvert, le succès des programmes de circoncision pourrait néanmoins réduire l'épidémie mondiale de sida d'environ 25%. "Chaque fois qu'on fait cinq circoncisions, on évite une infection par le VIH dans les 15 ans qui viennent", estime-t-il.

Source : Association of the ANRS-12126 Male Circumcision Project with HIV Levels among Men in a South African Township: Evaluation of Effectiveness using Cross-sectional Surveys, Auvert et al. PLoS Med 2013. doi:10.1371/journal.pmed.1001509

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