Un refuge de la Croix Rouge pour les mères sans-abri

Précarité, coût du logement... De plus en plus de jeunes mères se retrouvent sans abri à leur sortie de maternité. Pour faire face à ce nouveau visage de la pauvreté, la Croix-Rouge a ouvert un centre hivernal à Paris.

La rédaction d'Allo Docteurs
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En 2017, au moins 2.400 femmes se sont retrouvées sans abri en Ile-de-France
En 2017, au moins 2.400 femmes se sont retrouvées sans abri en Ile-de-France

C'est un phénomène qui explose et qui est une des conséquences de la pauvreté et de la précarité. De plus en plus de femmes se retrouvent sans nulle part où aller à leur sortie de la maternité. Pour aider ces femmes, un centre d'hébergement d'urgence dédié aux jeunes mères sans-abri a ouvert ses portes le 17 décembre 2018 à Paris. Elles y trouvent ainsi un abri pour quelques mois, le temps de reprendre pied.

Dans les anciens locaux de la région Ile-de-France, le centre accueille 22 mères et leurs bébés âgés de quelques jours à un mois. Fin novembre 2018, en Ile-de-France, quinze femmes sortant d'une maternité étaient en attente d'hébergement et 62 femmes enceintes sans-abri avec un terme proche étaient identifiées pour une demande d'hébergement, a détaillé le ministère du Logement à l'AFP.

Dans ce centre dédié aux jeunes mères sans-abri, des travailleurs sociaux mais aussi des bénévoles, une kinésithérapeute et une ostéopathe... donnent des conseils aux mamans et s'occupent du bien-être des bébés. Les professionnels de santé montrent aux jeunes mères les gestes de base pour s'occuper des nouveau-nés et leur parlent d'alimentation et de calendrier vaccinal. La Croix-Rouge s'est occupée de mettre en place un partenariat avec le centre de Protection Maternelle et Infantile (PMI) pour prendre en charge la santé de ces familles.

De plus en plus de mères sans-abri

Les maternités sont confrontées "de plus en plus régulièrement à des cas de mères en situation de précarité qui accouchent et n'ont aucun lieu d'hébergement à la sortie de la maternité", alertent les hôpitaux publics de Paris (AP-HP). Selon l'Agence régionale de santé (ARS), le phénomène touche en particulier douze établissements en France, qui signalent au moins un cas par semaine. Parmi ces maternités, onze sont en Ile-de-France.

Dans la région, au moins 2.400 femmes se sont retrouvées dans cette situation en 2017. Un chiffre en hausse par rapport aux années précédentes (2.000 en 2016) et il ne s'agit que d'estimations partielles, souligne l'ARS.

Face au besoin, l'hébergement d'urgence s'organise. Avant le nouveau centre de la Croix-Rouge, une expérimentation avait été lancée par l'AP-HP à l'Hôtel-Dieu. Également dédié aux femmes sortant de maternité, cet accueil géré par l'association Aurore et qui va être pérennisé, a reçu 181 femmes et 188 bébés depuis mars 2017.

À Paris, l'État assure 196 places d'hébergement dédiées aux femmes enceintes ou sortant de maternité, selon le ministère du Logement. Mais les places manquent encore et souvent après la naissance, c'est le système D.

Des "bébés-papiers"

Certaines mères se sont retrouvées à la rue après avoir dévoilé une grossesse hors mariage ou avec un homme d'une autre confession religieuse. D'autres ont fui des violences, un mariage forcé ou ont été victimes d'un viol. Beaucoup sont sans-papiers : selon l'AP-HP, la majorité de ces femmes sont des migrantes originaires d'Afrique subsaharienne ou du Maghreb. Pour certaines, une fois sur le territoire français, avoir un enfant d'un père français est un pass pour obtenir un droit de séjour.

Les travailleurs sociaux du centre les accompagnent pour l'ouverture de leurs droits, notamment à la Sécurité sociale. Et surtout ils les aident à trouver une solution d'hébergement pour la suite.

Il existe dix centres maternels de ce genre à Paris. Ceux-ci n'agissent pas dans l'urgence pour mettre à l'abri des personnes à la rue mais proposent un accompagnement long, possible jusqu'aux 3 ans de l'enfant, dans le cadre de l'Aide sociale à l'enfance. Un des objectifs est notamment de trouver une alternative à un placement de l'enfant. En cas de doute concernant un "bébé-papier", les mères risquent un placement en centre de rétention et un renvoi vers leur pays d'origine.

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