Séisme en Turquie et en Syrie : "Nous avons une semaine pour trouver des survivants"

Deux violents séismes ont eu lieu le 6 février en Syrie et en Turquie, causant l'effondrement de milliers d'immeubles. Sur place, pompiers et médecins humanitaires font tout pour sauver un maximum de victimes.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Séisme en Turquie et en Syrie : le rôle des secours
Séisme en Turquie et en Syrie : le rôle des secours  —  Le Mag de la Santé - France 5

Les secouristes cherchent toujours des rescapés après le puissant séisme qui a touché le sud-est de la Turquie et la Syrie le 6 février dernier. Le froid glacial et le mauvais temps compliquent encore leur tâche. Et le bilan ne cesse de s’alourdir puisque les autorités comptent déjà plus de 9 500 morts.

Ecrasement, compression, hypothermie...

Deux puissants séismes, l’un de 7,8 survenant en pleine nuit (4h17 heure locale) et l’autre de magnitude 7,5 sur l’échelle de Richter ont en effet frappé la région. L’échelle de Richter mesure la force d’un séisme allant de 1 à 9. Le pallier de 7 correspond à d'importants dégâts et celui de 8 à des dégâts majeures. Dans la journée de lundi 6 février, pas moins de 185 répliques ont été enregistrées de façon consécutive aux deux premières. Ce séisme et ces secousses secondaires très violents ont provoqué l’effondrement de milliers d’immeubles et de nombreuses victimes sont toujours coincées dans les décombres. 

Pour les secouristes, c’est désormais une course contre la montre pour sauver les victimes, qui sont confrontées à trois risques principaux :
- la traumatologie directe : quand un immeuble s'effondre, il existe un risque de décès à cause de l'accident en lui-même
- le "Crush syndrom" ou syndrome de compression prolongée : lorsqu'un muscle est écrasé, il libère une toxine, la myoglobine, dans le sang. Elle entraîne le décès par insuffisance rénale.
- l'hypothermie due aux conditions météorologiques, qui aggrave le pronostic vital notamment chez les enfants.   

"Les personnes bloquées s'endorment et nous devons les stimuler"

"Actuellement, nous recherchons un maximum de personnes bloquées sous les décombres", témoigne Thierry Velu, sapeur-pompier français président fondateur des pompiers humanitaires du GSCF, mobilisé en Turquie depuis le 7 février. "Au bout de 24 ou 48h, les personnes bloquées s'endorment et nous devons les stimuler en faisant du bruit autour, malgré des conditions météo qui ne sont pas du tout favorables actuellement".

"Nous avons plusieurs jours pour pouvoir trouver des survivants, probablement une semaine", confie de son côté le docteur Jean-François Corty, médecin et membre du conseil d’administration de Médecins du Monde qui a des équipes sur place.

Une population déjà affaiblie par la guerre

 "Malgré tout, il y a des déterminants de gravité qui sont importants comme la température qui est très basse, le fait qu'il y ait des zones d'accès difficiles et côté syrien, le fait que la sécurité soit assez volatile, avec des zones tenues par le gouvernement de Damas et d'autres par les kurdes", détaille-t-il. 

Pour le médecin, la situation est encore plus complexe car la population et le système de santé sont "affaiblis par des années de guerre". En somme, "ce tremblement de terre est un surcroît de malheur, avec des risques d'émergence de maladies" comme le choléra, dont le nombre de cas augmente dans la région depuis plusieurs mois déjà.

"L'enjeu majeur est de répondre aux enjeux médicaux, qui sont les urgences ultimes, mais aussi la continuité de la prise en charge des maladies classiques et chroniques" s'inquiète le docteur Corty. Dans ce volet médical, il faut aussi compter une prise en charge psychologique : "on sait qu'il va y avoir des traumatismes importants pour des personnes qui vont devoir être suivies pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois". 

À cela s'ajoute un volet logistique, qui comprend la distribution de nourriture, de vêtements, de couvertures et la mise à l'abri de toute la population touchée.


Pour soutenir les actions des secouristes sur place, rendez-vous sur le site de Médecins du Monde et sur le site de l’association des pompiers humanitaires