Les pharmaciens redoutent la vente de médicaments sans ordonnance sur Internet

Un projet de loi permettrait à des plateformes de vente en ligne, comme Amazon, d’assouplir les conditions de vente en ligne de médicaments sans ordonnance.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Assouplissement des conditions de vente en ligne de médicaments sans ordonnances... Un projet de loi a été présente en Conseil des ministres.
Assouplissement des conditions de vente en ligne de médicaments sans ordonnances... Un projet de loi a été présente en Conseil des ministres.

Le texte, présenté en Conseil des ministres le 5 février, permettrait à des plateformes comme le géant américain du commerce en ligne Amazon de stocker des médicaments dans des entrepôts en France et de les vendre à distance.

Les pharmaciens vent debout

Ce projet hérisse les pharmaciens. Aujourd’hui ce sont eux qui gèrent et gardent les stocks de médicaments, dans leurs officines. Pour Gilles Bonnefond, président de l'Union de syndicats de pharmaciens d'officine, ce projet de loi représente un danger pour les patients : « Le risque d’abord c’est pour le patient parce qu’on va baisser le niveau de sécurité, on va banaliser le médicament en en faisant un produit de consommation. »

De plus, selon lui, la mesure ne se justifie pas. En France, les patients ont facilement accès aux médicaments. « On ne vit pas au Canada, en Australie où c’est compliqué parce qu’il y a des distances, insiste-t-il. Là il y a des pharmacies sur tout le territoire et on descend, on connaît son pharmacien, on lui demande conseil… Il peut aussi regarder les interactions médicamenteuses avec les traitements que vous avez pris et donc faire un travail de sécurité. »

Un projet en contracdiction avec des mesures du ministère de la Santé

Ce projet de loi préparé par le ministère de l’Economie serait même un non-sens pour ce représentant des pharmaciens d’officine. Il serait en contradiction avec les attentes du ministère de la Santé sur le rôle que doit jouer le pharmacien.

« On ne peut pas mettre le paracétamol le 15 janvier derrière le comptoir avec l’ibuprofène et l’aspirine et dire que ces mêmes médicaments vont pouvoir être envoyés par e-commerce. Où est la cohérence dans ces mesures à 15 jours d’intervalle ? C’est incompréhensible. »

Les pharmaciens sont en colère. Plus de 5 000 ont déjà répondu à un questionnaire en ligne, lancé par l'Union de syndicats de pharmaciens d'officine. 96% des sondés sont prêts à se mobiliser pour dire non aux plateformes de stockage et de vente en ligne de médicaments.