Peut-on associer aspirine et paracétamol ?
Pour soulager vos douleurs, il est possible d'associer des médicaments antalgiques. Qu'en est-il de l'aspirine et du paracétamol ? Le Pr Alain Astier, pharmacologue, nous éclaire.


Si vous souffrez de douleurs légères à modérées, vous êtes peut-être tenté de prendre plusieurs médicaments antidouleurs. Parmi les différentes associations possibles, on retrouve l'aspirine combiné à du paracétamol.
"Chacun de ces médicaments possède des mécanismes d'action distincts, ce qui suggère une possible synergie lorsqu'ils sont utilisés conjointement", explique le Pr Alain Astier, pharmacologue.
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Une efficacité prouvée...
Ainsi, l'aspirine, qui appartient à la famille des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) permet de réduire la production de
prostaglandines, des hormones qui jouent notamment un rôle dans les mécanismes d'inflammation et dans la transmission de la douleur.
De son côté, "le paracétamol agit principalement au niveau du système nerveux central" en empêchant la fabrication des prostaglandines, poursuit le spécialiste.
Les deux médicaments peuvent agir en simultané et des études cliniques ont prouvé l'efficacité de l'association paracétamol-aspirine. Une méta-analyse, c'est-à-dire une analyse de plusieurs études sur le sujet, "révèle que l'analgésie obtenue en utilisant à la fois le paracétamol et l'aspirine était supérieure à celle du paracétamol seul dans 85 % des études et à celle d'un anti-inflammatoire non stéroïdien seul, comme l'aspirine, dans 64 % des cas". Ces résultats montrent que l'association des deux médicaments permet de mieux gérer la douleur que l'utilisation de l'un ou l'autre médicament seul, explique le Professeur.
... mais qui présente des dangers
Cependant, l'association de l'aspirine et du paracétamol n'est pas dénuée
de risques, ce qui en limite fortement son intérêt. "L'aspirine est bien connue
pour ses effets secondaires gastro-intestinaux, notamment le risque accru
d'hémorragies, même à faible dose avec des micro-saignements (saignements
nasaux et gastriques)", détaille le pharmacologue.
Il existe également un risque de syndrome de Quincke, bien qu'il soit rare. "L’œdème de Quincke se traduit par un gonflement rapide de la peau et des muqueuses au niveau de la tête et du cou", fait savoir la plateforme de l'Assurance maladie, Ameli.fr. "Ce phénomène est lié à une réaction inflammatoire ou allergique", poursuit le site.
"De ce fait, l’aspirine est ainsi de moins en moins utilisée", poursuit le Pr Alain Astier.
Des médicaments qui ne sont plus en libre accès
En raison de ces risques, les autorités de santé ont mis en place des mesures pour encadrer
l'utilisation de ces médicaments. Depuis le 15 janvier 2020, en France, les médicaments contenant du paracétamol, de l'aspirine ou de l'ibuprofène - un autre antalgique qui appartient comme l'aspirine à la famille des AINS - ne sont
plus en libre accès dans les pharmacies.
"Cette décision vise à renforcer le rôle de conseil du pharmacien et à promouvoir le bon usage de ces médicaments. Elle souligne l'importance d'un encadrement professionnel lors de la délivrance de ces traitements pour minimiser les risques associés à leur utilisation", fait savoir le Pr Alain Astier.
Et de conclure : "au regard du bénéfice/risque peu favorable, il n’est pas recommandé d’associer aspirine et paracétamol". Si vous souffrez de douleurs, n'hésitez pas à demander conseil à votre médecin traitant ou encore à votre pharmacien.