Complémentaires santé : flambée des tarifs depuis janvier

Depuis le 1er janvier, le 100 % santé pour l’optique et certains soins dentaires est entré en vigueur... et, comme elle le craignait, l’UFC-Que Choisir constate une hausse de 5 à 35% des tarifs des complémentaires santé en 2020. 

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

C'était exactement la crainte des associations de patients : l'augmentation du coût des contrats des mutuelles suite à la mise en oeuvre du "100% santé" pour les lunettes et certains soins dentaires au 1er janvier. Mathier Escot, responsable des études à de l’UFC-Que Choisir, présente les résultats de leur enquête.

Quels sont les résultats de l’étude que vous avez menée ?      

« Le premier constat c’est cette augmentation +5% qui est importante. Elle est plus importante que celle qu’on avait constatée il y a un an, qui était  à +4%, ce qui était déjà une année de forte inflation, et plus importante que les chiffres annoncés par les complémentaires qui parlaient de  +2 ou +3%. En réalité, on est au-delà. Et le deuxième constat qui frappe, c’est la grande disparité entre organismes complémentaires. Nous, dans notre échantillon de 500 contrats étudiés, on a des organismes à peu près à 2-3% d’augmentation, d’autres à 8-10 voire 12% en moyenne sur leur population. C’est extrêmement important comme écart ! Et surtout ça remet en cause cette explication un peu facile qui serait de dire "c’est l’augmentation générale des dépenses de santé, c’est le 100% santé en optique et sur une partie des soins dentaires" qui expliquent cette augmentation. Non, l’environnement est le même pour tout le monde, certains font +2-3%, d’autres font +12, on ne peut pas prendre cette excuse pour expliquer ».

Quelle est l'origine de cet écart ? Les mutuelles avaient parlé de +3% qui est la moyenne qui se fait chaque année depuis une dizaine d’années, pourquoi certaines augmentent même leurs tarifs jusqu’à 35% ?

« Alors les cas les plus élevés d’augmentation, ça tient généralement à des changements de classe d’âge. Vous savez que le prix des contrats de complémentaire santé, s'établit en fonction de deux grandes composantes : d’une part, plus ils vous remboursent, plus ils sont chers, et d’autre part, plus vous êtes âgé plus le contrat va vous coûter cher. Et quand on a des +35%, c’est que les personnes changent de classe d’âge, par exemple à 60 ans, vous passez de la classe d’âge des 45-60 à 60-70 et là vous avez une très forte augmentation. De manière générale la différence entre les +3% qui sont annoncés et les +5% qui sont constatés c’est cet effet âge. Les complémentaires communiquent sur un chiffre hors effet âge comme si les populations n’augmentaient pas d’âge. Or vous comme moi on a pris un an entre 2019 et 2020 et ça se traduit dans les tarifs ».

Que demandez-vous pour protéger le consommateur de ces augmentations ?

« Nous nous sommes beaucoup battu l’année dernière pour obtenir une loi qui permet de résilier à tout moment votre complémentaire santé. Jusqu’à présent votre complémentaire santé, vous pouvez la changer une fois par an pendant 20 jours. La fenêtre était très courte, trop courte. Nous avons obtenu qu'après une première année d’engagement on puisse changer à tout moment, mais la mesure n’est pas encore entrée en vigueur. La loi prévoit que c’est avant le 1er décembre 2020 donc presque un an. Donc nous nous avons écrit à la ministre de la santé Agnès Buzyn pour demander à la ministre d’avancer, d’accélérer le tempo, et de dire que maintenant on doit pouvoir changer à tout moment de complémentaire. Cela se justifie d’autant plus qu’on a vu ces gros écarts entre organismes. Ceux qui ont eu les +10-12% , il faut qu’ils puissent partir et ne pas être pieds et poings liés à leur complémentaire ».