Qu'est-ce que la température humide et quelles sont les conséquences pour le corps ?

Avec le dérèglement climatique, les épisodes de chaleur et d'humidité s'intensifient. De quoi mettre notre corps à rude épreuve avec des conséquences pouvant être fatales.

Muriel Kaiser
Muriel Kaiser
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Au-delà d'un certain taux d'humidité, le corps ne parvient plus à éliminer par la transpiration
Au-delà d'un certain taux d'humidité, le corps ne parvient plus à éliminer par la transpiration  —  Shutterstock

Avez-vous déjà entendu parler du "thermomètre mouillé" ? Aussi appelé température humide, ces deux termes désignent un indice qui prend en compte à la fois la chaleur et l'humidité. Ainsi, une température humide élevée correspond à un air très chargé en humidité. Concrètement, ce nom vient d'une expérience :  lorsque l'on applique un chiffon humide sur un thermomètre, l’évaporation de l’eau le refroidit. La température ainsi mesurée ne sera jamais plus élevée que la température dite "sèche".

"En revanche, lorsque l’air devient saturé en humidité, il n'y a plus de phénomène d'évaporation, et le bulbe du thermomètre n'est plus refroidi : la température humide s'approche alors de la température sèche", explique France Culture. Or la capacité de résistance du corps se mesure à la température humide justement, plus encore qu'à la simple chaleur.

L'humidité à l'origine de décès

Tout comme pour le thermomètre, l'humidité contenue dans l'air chaud empêche l'évaporation de la transpiration, or il s'agit du principal outil du corps pour abaisser sa température. Les conséquences peuvent alors être multiples et graves.

L'humidité peut ainsi entraîner un coup de chaleur, une défaillance d'organes voire même la mort. Et cela, peu importe l'âge ou les comorbidités ! Même une personne jeune et en parfaite santé risque de mourir après six heures à 35 degrés en température au "thermomètre mouillé".

Pour l'instant, cette température a été atteinte une douzaine de fois dans le monde, principalement en Asie du Sud et dans le golfe Persique, explique à l'AFP Colin Raymond, chercheur de la Nasa. Ces épisodes n'ayant jusqu'ici jamais dépassé deux heures, aucun "événement de mortalité massive" n'y a été lié, note cet expert, principal auteur d'une étude parue en 2020.

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Quelles sont les personnes les plus à risque ?

Joy Monteiro, chercheur basé en Inde qui a récemment publié une étude dans Nature sur le "thermomètre mouillé" en Asie du Sud, souligne que la plupart des vagues de chaleur meurtrières dans la région étaient jusqu'alors bien en dessous du seuil des 35 degrés. Mais les limites d'endurance varient fortement d'une personne à l'autre, a-t-il expliqué à l'AFP. 

Les jeunes enfants sont moins capables de réguler leur température corporelle, donc plus à risque. Les plus vulnérables restent cependant les personnes âgées, dotées de moins de glandes sudoripares et déjà davantage victimes des canicules. Les personnes devant travailler à l'extérieur sont également plus en danger. 

La possibilité ou non de refroidir occasionnellement son corps – par exemple dans des espaces climatisés – joue aussi. Sans compter l'accès aux toilettes, car les personnes qui en sont privées boivent souvent moins d'eau et se déshydratent plus.

Un phénomène de plus en plus fréquent

Mais alors que les températures continuent d'augmenter - juillet 2023 a été le mois le plus chaud jamais enregistré sur Terre - les épisodes de "thermomètre mouillé" vont se multiplier, avertissent les scientifiques.

La fréquence des pics de chaleur humide a plus que doublé dans le monde depuis 1979 et les températures "dépasseront régulièrement 35 degrés en température humide" dans différentes parties du globe si le réchauffement mondial atteint + 2,5°C, selon les travaux de Colin Raymond. L'Asie du Sud et du Sud-Est, le golfe Persique, le golfe du Mexique et certaines parties du continent africain sont les régions les plus exposées.

reportage réchauffement climatique adaptation du corps
Réchauffement climatique : comment le corps va-t-il s'adapter ?  —  Le Mag de la Santé - France 5