Des orgasmes à répétition l'ont conduite au suicide

Si certaines rêvent d'une sexualité plus fréquente et intense, celle de Gretchen Molannen l'a poussée à se donner la mort. Victime d'une maladie rare, le syndrome d'excitation génitale persistante (SEGP),  elle a livré la veille de sa mort un témoignage bouleversant sur l'enfer qu'elle vivait depuis 16 ans.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Des orgasmes à répétition l'ont conduite au suicide

Le SEGP, dont souffrait cette Américaine de 39 ans, procure une excitation sexuelle permanente. Seule solution pour soulager cette excitation physique incontrôlable, qui n'a rien de psychologique: les malades doivent se masturber, parfois des heures durant, jusqu'à l'orgasme. Pour quelques minutes de répit, car l'excitation sexuelle peut repartir dans la foulée…

Alors le 1er décembre 2012 à Spring Hill, en Floride, Gretchen Molannen, n'a trouvé que la mort comme solution, au lendemain de la publication de son témoignage bouleversant dans le Tampa Bay Times sur le calvaire qu'elle subissait depuis 16 ans.


"Persistant genital arousal disorder brings woman agony, not ecstasy"
Tampa Bay Times, 1er décembre 2012

Le syndrome d'excitation génitale permanente a été officiellement décrit pour la première fois en 2001. Il répond à cinq critères bien précis : des sensations génitales et clitoridiennes sont présentes pendant de longues durées (plusieurs heures, jours ou mois) ; ces sensations ne sont pas associées à un désir sexuel ; elles ne sont pas souhaitées par la patiente et sont vécues  de façon intrusive ; un ou plusieurs orgasmes ne les font pas disparaître ; elles sont source d'une grande souffrance psychologique.

Afin de mieux comprendre les origines du SGEP, le Pr Waldinger a mené entre 2004 et 2008 une étude portant sur 18 femmes répondant aux cinq critères. Chaque patiente était évaluée par des entretiens sexologiques, neurologiques et psychiatriques, une IRM cérébrale et pelvienne, un électroencéphalogramme et une écho-doppler par voie vaginale si besoin.

Les conclusions de l'étude rapportent que dans la majorité des cas, le syndrome apparaissait dans les premières années suivant la ménopause, qu'aucun trouble psychiatrique n'avait précédé l'apparition des symptômes, que les examens n'avaient révélé aucune anomalie.

Les patientes décrivaient leurs sensations avec difficulté mais le plus fréquemment, il s'agissait d'un pré-orgasme, un orgasme imminent qui ne survient pas. Le résultat le plus intéressant est l'association fréquente avec le syndrome des jambes sans repos et le syndrome de vessie hyperactive.

Ce qui avait donc conduit l'auteur à proposer comme traitement le clonazepam, déjà prescrit dans les deux autres syndromes. Sur les 16 femmes qui avaient accepté le médicament, 56% avaient ressenti une amélioration des symptômes et chez 26% d'entre elles, l'efficacité n'avait été que transitoire, de deux à trois semaines. Autres thérapeutiques utilisées en cas d'échec du clonazepam : l'oxazepam et le tramadol.

Ces résultats semblent contredire ceux d'études précédentes, pour qui le SEGP survenait de préférence chez des femmes avec un terrain psychologique particulier (comme l'anxiété généralisée ou les troubles obsessionnels compulsifs). Or dans l'étude du Pr Waldinger, les patientes ne présentaient pas de trouble psychologique...

Même s'il ne faut pas négliger l'importance des facteurs psychologiques, l'association avec le syndrome des jambes sans repos et celui de la vessie hyperactive semble une découverte majeure dans la compréhension d'une affection qui reste bien mystérieuse...

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