Pique-niques, promenades... quels sont les risques de contamination à l'extérieur ?

Attraper le coronavirus en extérieur est plus rare qu’en intérieur, mais pas impossible, selon les dernières données scientifiques. Car s’il n’y a pas d’aérosol à l’air libre, les postillons peuvent toujours se transmettre de proche en proche.

Laurène Levy
Rédigé le , mis à jour le
Image d'illustration. Regroupements Place des Vosges, à Paris, le 21 février 2021.
Image d'illustration. Regroupements Place des Vosges, à Paris, le 21 février 2021.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / Jerome LABOUYRIE

Parcs, jardins, quais… avec l'arrivée des beaux jours les Français passent de plus en plus de temps dehors comme le week-end dernier. A Paris, les forces de l’ordre ont même évacué les quais de Seine le 28 février, prétextant un risque sanitaire.

Mais se promener ou pique-niquer en extérieur représente-t-il vraiment un risque de contracter le covid ? Pour Pascal Crépey, enseignant-chercheur en épidémiologie et biostatistiques à l'Ecole des hautes études en santé publique (EHESP) de Rennes, le risque de contamination en extérieur n’est "pas nul", mais il est "limité".

Les contaminations par postillons

Limité parce qu’on connait désormais les trois modes de transmission du covid : "les aérosols, ces particules qui s’accumulent dans l’air intérieur, les postillons expirés qui contaminent les personnes proches à moins d’un mètre et les surfaces contaminées".

Or en extérieur, sur ces trois modes, seule la contamination par postillons est possible. "Les aérosols ne peuvent pas s’accumuler puisque par définition, l’air extérieur est sans cesse renouvelé, et le virus ne survit pas longtemps sur les surfaces extérieures exposées aux rayons du soleil" détaille le spécialiste.

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Le risque des regroupements

Et le risque n’est pas nul, par exemple "en cas de regroupement de personnes, qui restent à proximité, sans porter de masque parce qu’elles mangent ou boivent ensemble" observe Pascal Crépey. Mais il faut nuancer ce risque : "il n’y a, a priori, pas de risque de transmission massive", contrairement aux milieux clos contenant des aérosols.

A sa connaissance, il n’y a en effet eu aucun cluster - ou foyers d’infection - observé en extérieur. Mais ce n’est pas parce qu’on ne les observe pas qu’ils n’existent pas. Car pour détecter ces foyers, "il faut identifier les personnes infectées, les interroger, établir des liens entre elles même si elles ne se connaissent pas" liste Pascal Crépey. Le problème est le même que dans les transports en commun : "d’un point de vue méthodologique, c’est plus compliqué d’identifier un cluster dans ces lieux qu’au sein d’un foyer, d’une entreprise ou d’une école".

Seulement 5% des cas liés au plein air

Qu’en disent les études scientifiques ? Une étude publiée le 15 février 2021 dans le Journal of Infectious Disease par des chercheurs en épidémiologie de l’université de Californie à San Francisco (États-Unis) a passé en revue les études publiées sur la contamination virale en extérieur. Sur les 12 études incluses dans cette méta-analyse, cinq concernaient spécifiquement le SARS-CoV-2.

Et au total, moins de 5% des cas étaient liés à des activités de plein air. Pour les chercheurs, "les chances de transmission ou de super-contamination" sont donc "beaucoup plus faibles à l’extérieur".

Un risque 18 fois plus faible en extérieur

Concernant les clusters, ces experts détaillent le cas d’une étude chinoise publiée dans Indoor Air qui porte sur 318 foyers de contamination. Selon ces données, une seule transmission s’est produite à l’extérieur sur un total de 7.324 cas signalés.

Ils s’intéressent aussi à une étude japonaise pas encore publiée mais mise en ligne sur le site de prépublication medRxiv. Elle porte sur 11 clusters et conclut que les risques de contamination en extérieur sont 18,7 fois plus faibles que dans un lieu clos.

Globalement, toutes les études analysées vont dans ce sens et ne rapportent que quelques cas de transmission en extérieur, lors d’un rassemblement dans un parc par exemple, ou à l’occasion d’un jogging. Dans ces deux cas, le masque n’était probablement pas porté. Pour les auteurs californiens, c'est quand les rassemblements en extérieur se font "à haute densité" avec un "faible usage du masque" que les taux de transmission peuvent augmenter.

Côte-à-côte plutôt que face à face

En conclusion, la transmission en extérieur est plus rare qu’en intérieur mais pas impossible. Autrement dit, pour Pascal Crépey, "s’il faut choisir entre une soirée en club clandestin dans un endroit mal aéré et un pique-nique en bord de rivière, quitte à prendre un risque, le pique-nique est préférable".

Et quelques règles peuvent contribuer à abaisser encore le risque. Porter un masque pendant les promenades et choisir les lieux les moins fréquentés en font partie. S’installer "côte-à-côte plutôt que face à face" pendant un pique-nique aussi, pour limiter l’échange de postillons, conseille Pascal Crépey.

Et en cas de pique-nique, les conseils sont les mêmes que pour un repas partagé en intérieur, ouverture des fenêtres en moins : des portions individuelles et une seule personne préposée au service.