Musique et cerveau : à l'oreille des bébés

♬ MUSIQUE ET CERVEAU - "Une chanson douce que me chantait ma maman", par ces quelques mots Henri Salvador résume avec poésie et talent la place essentielle de la musique dans la relation qu'une mère peut établir avec son enfant. Reste à découvrir à partir de quel moment le bébé entend et ce qu'il entend…

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Chronique de Jean-Marie Leau, du 1er octobre 2010
Chronique de Jean-Marie Leau, du 1er octobre 2010

La musique et le son tiennent une place primordiale dans notre existence, et ce dès les premiers mois de grossesse. Dans un premier temps, le foetus est le héros d'un film muet, ou plutôt presque muet, puisque le premier sens arrivé à maturité, le toucher, va permettre au foetus de ressentir le son. Comment ? Les vibrations sonores lui sont transmises par le liquide amniotique sous la forme d'ondes qui viennent en contact des récepteurs du toucher. On touche le son avant d'être en mesure de l'entendre, puis de le percevoir.

Qu'entend un bébé dans le ventre de sa mère ?

Il faut attendre la 28e semaine pour que le foetus commence à réagir à un son émis à un volume de 110 dB près de la mère, soit le niveau équivalent à celui d'un bruit de marteau-piqueur ou d'une vuvuzela à deux mètres. Un utérus, c'est un peu comme une chambre d'hôtel qui ne serait pas bien insonorisée et à l'intérieur de laquelle on entendrait des bruits de lavabos en fond sonore. Ce cocon à l'intérieur duquel le bébé se développe recueille en permanence toute une gamme de bruits : d'abord des sons biologiques d'origine maternelle comme les bruits gastro-intestinaux, les bruits de respiration et le battement cardiaque (maternel d'une part et le sien d'autre part). Nous avons déjà la mélodie et le rythme.

Comment se développent les oreilles des bébés ?

Les oreilles se développent entre la fin du septième et le début du huitième mois de grossesse. Le pavillon prend forme, il est en mesure de capter les vibrations, vibrations qui vont être canalisées par le conduit auditif externe. Les ondes sonores vont alors faire entrer en vibration la membrane du tympan. Les osselets de l'oreille moyenne (marteau, enclume et étrier) vont répercuter ces ondes vers les cellules ciliées de la cochlée, qui converties en ondes électriques parviendront au cerveau.

À partir de la 35e semaine, l'ouïe du bébé s'affine. On assiste à une diminution des seuils (le bébé entend de plus en plus grave et de plus en plus aigu). À présent, son système auditif peut discriminer les fréquences ainsi que les valeurs de durée du son. Dès lors, va s'établir un dialogue sonore permanent qui va nourrir le développement de cette fonction neuronale. À ce stade, on observe une réponse cardiaque du foetus à tel ou tel changement de son.

Faut-il stimuler le foetus ?

Yehudi Menuhin attribuait son talent musical, au moins en partie, au fait que ses parents, dès avant sa naissance, chantaient et jouaient de la musique en permanence. Il semble que l'exposition prolongée à des environnements sonores sélectivement enrichis - et qui n'induisent aucun trauma acoustique - semble faciliter certaines tâches de discrimination. A contrario, la privation auditive induirait principalement un retard dans le développement de la sensibilité auditive.

Il est une situation où faire appel à la musique montre d'incontestables vertus : celle des bébés prématurés. Marianne Clarac, musicienne et chanteuse au sein de l'association Musique et Santé, intervient dans les services de néonatalité. Elle explique notamment que dans ces lieux où l'environnement sonore est relativement stressant (bip de monitoring, alarmes etc..) et où les parents sont dans un état de sidération, une musique, un chant (a fortiori dans la langue d'origine des parents) contribue à libérer l'émotion, et hors de ses nombreuses phases de sommeil, à entrer en communication avec le bébé.

Dans le cas plus habituel d'une naissance à terme, c'est un véritable bouleversement du paysage sonore que vit le nouveau-né. Plus aucun son n'est filtré. Là aussi, de plus en plus de services de néonatalité sont sensibilisés à améliorer les conditions acoustiques de l'accouchement.