Pollution à l'ozone : quels sont les risques pour la santé ?

Augmentation du nombre de cas d'asthme et d'allergies, aggravation de maladies respiratoires chroniques, cancer du poumon... Début décembre 2015, quelques jours du début de la COP 21, des pneumologues tiraient la sonnette d'alarme et mettaient en garde contre les risques provoqués par la pollution à l'ozone, qui menace de s'aggraver avec le réchauffement climatique. Une étude publiée le 20 janvier 2016 confirme que l'exposition à l'ozone accroit le risque de décès par maladies pulmonaires et cardiovasculaires.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

"Il est important d'avoir conscience des conséquences sanitaires du réchauffement climatique et plus particulièrement des conséquences respiratoires", souligne le Pr Bruno Housset, président de la Fédération française de pneumologie. Parmi les polluants atmosphériques : l'ozone. Ce gaz est présent naturellement dans la stratosphère. Ainsi, la couche d'ozone nous protège des rayons ultraviolets du soleil. Mais, en trop grande quantité dans l'air ambiant, l'ozone peut devenir dangereux. 

Moins connu que les particules fines, l'ozone est ce qu'on appelle un polluant atmosphérique secondaire. Augustin Colette, ingénieur à l'Institut National de l'Environnement Industriel et des Risques (INERIS), explique qu'"il n’est pas émis directement par les activités humaines. Mais, il est formé dans l'atmosphère. Donc, les activités humaines vont émettre des polluants primaires. On va, par exemple, parler des oxydes d'azote ou des composés organiques volatiles. Et dans certaines conditions, ces polluants primaires vont se transformer pour produire de l'ozone."

Le réchauffement climatique favorise les pics d'ozone

On trouve ces polluants primaires, par exemple, à la sortie des pots d'échappement. Sous l'effet d'une forte chaleur et des rayons ultraviolets, ils se transforment en ozone. En 20 ans, ces polluants, aussi appelés précurseurs, ont chuté de 30% grâce aux efforts des industriels. La pollution à l'ozone aurait donc dû baisser. Mais, c'était sans compter la hausse des températures...

"A partir du moment où on a une petite concentration de polluants précurseurs, on peut toujours avoir une production d'ozone à cause des conditions météorologiques. A la fin du siècle, les scénarios les plus catastrophiques conduisent à des augmentations d'ozone très importantes", explique Augustin Colette. On reviendrait ainsi à des niveaux dignes des années 1990, mais il ne sera plus possible de les faire baisser. Selon lui, "on est dans une situation où on a déjà fait beaucoup d’efforts sur les émissions de polluants. Finalement, là où c’est important d'agir aujourd'hui, c'est d’éviter d'avoir un réchauffement trop important et, effectivement, de rester dans l'objectif défini par le Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) : rester en dessous d'un réchauffement de l'ordre des deux degrés à l'échelle du globe."

Maux de tête, irritations des yeux, difficultés respiratoires…

L'ozone est un gaz oxydant qui peut provoquer des irritations oculaires et des maux de tête. Quand il s'attaque aux bronches et aux poumons, il peut entraîner de graves difficultés respiratoires.

D'après Sylvia Medina, coordinatrice du programme air et santé à l'Institut de Veille Sanitaire (InVS), et qui connaît bien les risques de ce gaz sur la santé, "il y a des effets sur l'appareil respiratoire, sur l'appareil cardio-vasculaire… De nouvelles études montrent aussi des impacts sur le développement neurologique, le système nerveux central… Mais, aussi, sur la reproduction."

Un institut international, mandaté par la Commission européenne, évalue à 25.000 le nombre de morts prématurés liées à l'ozone sur une année en Europe. En France, ce chiffre pourrait progresser de 14% en 2070.
 


Entretien avec le Pr Bruno Housset, professeur en pneumologie

Selon une étude publiée en janvier 2016 dans l'American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine, compilant des données recueillies auprès de 670.000 patients nord-américains depuis 1982, à chaque accroissement du taux d'ozone atmosphérique de 10 parties supplémentaires par milliard, la probabilité de mourir d'une maladie pulmonaire s'accroit de 12%, par maladie cardiovasculaire de 3% (toutes causes confondues : 2%).

Ce accroissement augmente en outre le risque de diabète de 16%, d'arythmie, d'insuffisance cardiaque et d'arrêt cardiaque de 15%, et de maladie pulmonaire obstructive chronique de 14%.