Pourquoi sommes-nous de plus en plus nombreux à souffrir d’allergies ?

De plus en plus de personnes souffrent d’allergies. Réchauffement climatique, urbanisation des populations, mode de vie aseptisé... les causes favorisant ce type de maladies sont variées. Décryptage.

Alexis Llanos
Rédigé le
Pourquoi les allergies sont en augmentation ?
Pourquoi les allergies sont en augmentation ?  —  Le Mag de la Santé - France 5

30 % des français souffrent d’allergies, qu’elles soient causées par le pollen ou par certains aliments. Ce chiffre, déjà élevé, est en constante augmentation. En effet, le nombre de personnes concernées par une allergie aurait été multiplié par trois en trente ans, selon l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses).

Et la moitié de la population mondiale devrait être concernée par ce phénomène d’ici 2050 selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Mais pourquoi les allergies sont-elles de plus en plus fréquentes ? 

Pollen urbain vs pollen rural

Premier facteur favorisant l'apparition des allergies : l'environnement urbain. En effet, les particules fines issues de la pollution de l’air en ville endommagent les grains de pollen, qui libèrent alors plus de protéines allergisantes. Par le même processus, les grains de pollen deviennent aussi plus petits, et pénètrent plus facilement dans les voies respiratoires. Le pollen urbain est ainsi beaucoup plus allergisant que son homologue rural. 

À l’inverse, en milieu rural, le fait d’être davantage en contact avec certaines bactéries diminue le risque d’allergies. “Il faudrait amener les tout petits dans des étables !” recommandait la Docteure Carine Billard, allergologue au Centre Hospitalier de Meaux sur le plateau du Mag de la Santé. 

Une saison pollinique plus longue

Autre cause à prendre en compte : les arbres fleurissent de plus en plus tôt en raison du réchauffement climatique, a démontré une étude publiée en 2022 dans la revue Nature Climate Change. Ce phénomène implique un allongement de la saison pollinique : les arbres produisent du pollen sur une plus grande période qu’autrefois, favorisant les allergies.

À cela s’ajoute l’augmentation de la concentration en dioxyde de carbone (CO2) dans l’air, nécessaire aux plantes pour effectuer la photosynthèse. Avec plus de "carburant", elles produisent plus de pollen qu’avant. À titre d’exemple, l’ambroisie, une plante dont le pollen est particulièrement allergisant, aurait augmenté sa production de pollen de 131 % par rapport à la période pré-industrielle, selon une étude publiée en 2000. Les prévisions estiment que ce chiffre pourrait atteindre +320 % d’ici 2100.

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L’Occident, un environnement "trop propre"

Les allergies semblent également beaucoup plus fréquentes dans les pays industrialisés, en particulier en Occident. L’une des principales théories pour expliquer ce phénomène est un accès à une meilleure hygiène, aux vaccins et aux antibiotiques. Notre système immunitaire serait donc plus sensible aux microbes et produits allergènes à cause de cet environnement "trop propre".

Une étude parue en 2016 dans le New England Journal of Medicine avait justement montré que les populations Amish des États-Unis étaient moins sujets à des maladies respiratoires que les communautés Huttérites. Les deux vivent pourtant dans le même milieu agricole, mais les premiers vivent au contact du bétail et respirent la poussière chargée de microbes de la ferme, tandis que les seconds emploient de la machinerie moderne les tenant à distance de ces particules. 

Les allergies alimentaires aussi en hausse

Les allergies alimentaires sont elles aussi en nette augmentation. Aux États-Unis, les allergies aux arachides ont bondi de 21 % entre 2010 et 2016, selon l’American College of Allergy and Immunology. La situation est similaire en Europe et en Australie.

Plusieurs théories ont été évoquées pour expliquer cette augmentation, comme la diminution d’oméga-3 dans l’alimentation au profit d’autres gras plus néfastes, ou encore la baisse d’antioxydants dans les fruits et légumes. Cependant, en ce qui concerne les allergies alimentaires, aucun consensus satisfaisant n’a encore été établi.