Covid : le vaccin de Moderna serait efficace à 94,5%

C’est le troisième laboratoire qui annonce une efficacité supérieure à 90% pour son candidat-vaccin contre la Covid.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Covid : le vaccin de Moderna serait efficace à 94,5%
Crédits Photo : © Shutterstock / Marlon Lopez MMG1 Design

Procéder aux premières vaccinations contre la Covid avant la fin de l’année 2020 : cette possibilité se rapproche encore après l’annonce du laboratoire Moderna. Après Pfizer/BioNTech puis Spoutnik V, Moderna a annoncé à son tour des résultats très encourageants pour son candidat-vaccin : 94,5% d’efficacité.

Cela signifie que le risque de tomber malade de la Covid a été réduit de 94,5% entre le groupe placebo et le groupe vacciné du grand essai clinique en cours sur 30.000 personnes aux Etats-Unis. Selon une analyse préliminaire des tout premiers cas, 90 participants du groupe placebo ont attrapé la Covid, contre 5 dans le groupe vacciné.

On ignore encore la durée de la protection conférée par le vaccin, ce que seul le temps révélera.

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Des résultats particulièrement encourageants

Si ce niveau d'efficacité était le même dans la population générale, ce serait l'un des vaccins les plus efficaces qui existent, comparable à celui contre la rougeole, efficace à 97% en deux doses, et bien meilleur que contre la grippe (19 à 60%), selon les Centres américains de lutte contre les maladies.

Le vaccin de Pfizer aurait une efficacité de 90%, et le vaccin russe Spoutnik V de 92%, selon des premiers résultats communiqués la semaine dernière.

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Aucun malade grave dans la cohorte

"C'est un moment charnière dans le développement de notre candidat-vaccin contre la Covid", s'est réjoui le patron de Moderna, Stéphane Bancel. "Cette analyse intérimaire positive issue de notre essai de phase 3 nous indique de façon clinique que notre vaccin peut prévenir la maladie de la Covid, y compris la forme grave".

Aucun malade grave de la Covid n'a été enregistré parmi les 30 000 personnes ayant reçu le vaccin Moderna, contre 11 dans le groupe placebo. Environ 9 à 10% des personnes vaccinées ont eu des effets secondaires importants après la seconde dose tels que fatigue, courbatures, ou rougeur autour du point d'injection. Les données n'ont pas été évaluées indépendamment par des scientifiques.

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Autorisations de mise sur le marché

Moderna demandera une autorisation de mise sur le marché "dans les prochaines semaines" aux Etats-Unis. Si le vaccin était approuvé, la rapidité de développement serait une prouesse scientifique, moins d'un an après l’apparition du virus en Chine. 

Il fallut neuf ans dans les années 1950 pour développer et autoriser le vaccin contre la rougeole. Dans les dix dernières années, la FDA a approuvé 21 vaccins. En moyenne, leur durée de développement s’élevait à huit ans, selon une étude parue dans la revue internationale Jama.

L'Europe examine également le vaccin de Moderna, devenu ce 16 novembre le troisième projet soumis à un "examen continu" par l'Agence européenne des médicaments. Les premiers étaient ceux d'Oxford/AstraZeneca puis de Pfizer/BioNTech début octobre.

Une nouvelle technologie

Le vaccin de Moderna fonctionne en deux injections séparées de quatre semaines. Il doit être transporté à -20°C, mais pourra ensuite être stocké décongelé dans un réfrigérateur (2 à 8°C) pendant 30 jours. Il a été co-développé avec les scientifiques de l'Institut national des allergies et des maladies infectieuses, un organisme de recherche public.

Il est fondé sur une technologie récente (Moderna n'a été créée qu'en 2010), qui n'avait encore jamais fait ses preuves: l'ARN messager. Des instructions génétiques pénètrent directement les cellules humaines, qu'elles reprogramment pour qu'elles fabriquent elles-mêmes un antigène. C’est cet antigène qui déclenche une réponse du système immunitaire.

Pour Moderna, qui a reçu 2,5 milliards de dollars d'argent public américain et promis 100 millions de doses au gouvernement américain dont 15 millions avant fin décembre, ces résultats sont la consécration de dix années de développement qui n'avaient, jusqu'à présent, jamais dépassé les phases initiales d'essais cliniques.

La distribution déjà planifiée

La biotech, installée à Cambridge dans le Massachusetts, avait été la première à tester un vaccin sur des humains, le 16 mars, deux mois à peine après le séquençage du coronavirus par des scientifiques chinois.

Moderna a aussi signé des contrats avec le Canada, la Suisse, le Japon, Israël et le Qatar et est en négociation avec l'Union européenne, le Royaume-Uni et le programme international Covax. 

Le laboratoire prévoit de produire 20 millions de doses cette année, et entre 500 millions et un milliard en 2021, grâce à des sites de production et des partenaires industriels aux Etats-Unis, en Suisse et en Espagne.