Cinq questions sur le vaccin Pfizer contre la covid

Pfizer et BioNTech ont annoncé que leur candidat-vaccin contre la covid était efficace à 90%.Quelle est son efficacité ? Quand sera-t-il disponible en Europe ? Pourquoi son développement a-t-il été si rapide ? Le point sur ce vaccin porteur d’espoir.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Cinq questions sur le vaccin Pfizer contre la covid
Crédits Photo : © Shutterstock / Pixel-Shot

Le candidat-vaccin Pfizer/BioNTech contre la covid pourrait prochainement recevoir son homologation par l’agence américaine des médicaments FDA. Ces deux sociétés pharmaceutiques ont même déjà promis près de deux milliards de doses de ce vaccin à travers le monde dès la fin 2020. Mais malgré ces résultats prometteurs, la prudence doit rester de mise car ce vaccin pose encore plusieurs questions.

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Pourquoi ce vaccin est-il prêt aussi rapidement ?

Développer et commercialiser un vaccin moins d’un an après l’apparition d’un virus est un record de vitesse quand, d’ordinaire, ce processus prend plusieurs années. Pour la covid, partout dans le monde, les procédures ont été accélérées de façon inédite "à cause de l'urgence de santé publique", explique l'Agence européenne du médicament (EMA).

Du point de vue économique, les Etats et des fondations ont lancé des levées de fonds internationales. De nombreux pays ont aussi passé des accords de pré-commandes avec principaux laboratoires. Cela permet aux entreprises de mettre en place le processus industriel de fabrication de leur vaccin en même temps qu'elles travaillent à son élaboration, deux étapes habituellement distinctes.

Le vaccin Pfizer/BioNTech est-il efficace ?

Pour Pfizer et BioNTech, le vaccin est "efficace à 90%". Un seuil bien supérieur au 50% exigés par l’OMS pour valider l’efficacité d’un vaccin. Ce chiffre signifie que, par rapport au groupe contrôle non-vacciné, les personnes vaccinées ont eu 90% de risque en moins de tomber malade, ou qu’elles ont été dix fois moins nombreuses à contracter la maladie.

Mais il faut encore patienter pour que cette efficacité soit confirmée. De prochaines analyses sont attendues lorsque le seuil de 164 contaminations aura été atteint. Pour être définitivement fixé, "il faut que les essais de phase 3 aillent à leur terme et qu'on ne base pas l'analyse sur des résultats intermédiaires, aussi bien sur les questions de tolérance que d'efficacité", rappelle à l'AFP l'immunologiste Alain Fischer.

Et plusieurs questions persistantes méritent des réponses claires.

Le vaccin est-il sûr ?

Autre inconnue à l’heure actuelle : aucune information n’a été publiée sur d’éventuels effets secondaires à cause notamment d’un manque de recul.
Mais les essais de Pfizer et BioNTech n’ont jamais été interrompus en raison d’un incident survenu de façon inexpliquée chez un participant, comme cela a été le cas pour les candidats-vaccins Johnson & Johnson ou AstraZeneca. Un constat plutôt rassurant.

Il faudra néanmoins attendre plusieurs mois, voire plusieurs années pour obtenir les résultats finaux de sécurité du vaccin.

Quand sera-t-il disponible en France ?      

Aux États-Unis, la FDA pourrait trancher d’ici la semaine prochaine si le vaccin est sûr et efficace et sa distribution ne serait plus qu'une question de "semaines", selon Alex Azar, secrétaire à la Santé de Donald Trump.

Dans l'Union Européenne, qui a préacheté 200 millions de doses et négocie pour 100 millions de doses supplémentaires, le vaccin pourrait être disponible début 2021. A condition que l’EMA et la Commission européenne se positionnent toutes les deux en faveur d’une mise sur le marché du vaccin dans l’UE.

"On ne peut pas s'attendre à une autorisation de mise sur le marché, même conditionnelle, avant le début de l'année prochaine", a estimé de son côté Daniel Lévy-Bruhl, responsable de l'unité des infections respiratoires à l'agence sanitaire française Santé publique France.

Quels autres vaccins sont en lice ?

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 10 essais cliniques de vaccins sont actuellement en phase 3 dans le monde, dont ceux de la biotech américaine Moderna, du britannique AstraZeneca en collaboration avec l'université d'Oxford et de l’américain Johnson & Johnson. Pfizer et BioNTech sont toutefois les premiers à rendre publics des résultats intermédiaires de ces essais.

En plus des pré-commandes chez Pfizer/BioNTech, l’UE a d’ores et déjà conclu cinq autres accords pour d'éventuels vaccins avec Sanofi-GSK, Johnson & Johnso, CureVac, AstraZenaca, et Moderna pour sécuriser un grand nombre de doses.

Mais une question primordiale persiste : même si les recherches aboutissent à plus ou moins longue échéance, combien de personnes accepteront de se faire vacciner dans un contexte de défiance vaccinale grandissante ? Selon un récent sondage Ipsos, seulement 59% des Français et Françaises se feraient vacciner contre la covid si un vaccin était disponible.