Etat d'urgence : faut-il autoriser les lycéens à fumer dans la cour ?

Face à la menace d'attentats, certains lycées autorisent leurs élèves à fumer dans l'enceinte de l'établissement. Les proviseurs défendent le choix de la sécurité. Des associations anti-tabac ont porté plainte.

La rédaction d'Allo Docteurs
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C'est une très mauvaise élève qu'on croyait définitivement exclue du lycée… La cigarette a fait son retour depuis plusieurs mois dans la cour de récréation de plusieurs lycées en région parisienne et à Lyon. "On fume au fond de la cour. Il y a des cendriers faits pour ça et il y a une sorte de limite entre les lycéens et collégiens pour éviter que ça se mélange mais il y en a qui arrivent parfois à s'introduire…", confie un lycéen parisien.

Ces mesures sont illégales au regard de la loi Evin. Cette loi, qui date de 1991, interdit de fumer dans les locaux à usage public, interdiction étendue par un décret d'application de 2006 à l'enceinte des écoles, collèges et lycées publics et privés.

Les associations anti-tabac s'inquiètent des risques pour les plus jeunes et de l'image donnée à la cigarette : "On soumet au tabagisme passif des jeunes et même de très jeunes enfants car beaucoup de ces établissements sont des collèges-lycées et on ré-institue l'acte de fumer comme quelque chose de normal alors que déjà 40% des jeunes de 17 ans en France sont fumeurs", affirme Stephen Lequet de l'association Droits des non-fumeurs (DNF).

Contre-attaque des associations anti-tabac

L'association Droits des non-fumeurs a donc déposé des recours administratifs contre trois établissements scolaires. En Ile-de-France, un lycée sur deux aurait aménagé ces zones fumeurs dans son enceinte. Pour justifier le retour de la cigarette, les proviseurs invoquent l'état d’urgence et le risque d'attentats. Ils s'appuient sur une circulaire de l'Education nationale et du ministère de l'Intérieur datée du 25 novembre 2015 qui demande d'éviter les rassemblements devant les établissements scolaires. En effet, attroupés devant le lycée pour fumer, les jeunes seraient des cibles idéales pour les terroristes.

Le syndicat des chefs d'établissements assume le choix de la sécurité. "Nous devons gérer deux risques, celui d'une attaque fomentée par des terroristes et puis l'autre qui est effectivement que la consommation de tabac peut amener à un décès mais il y a un risque qui est imminent et l'autre qui se déploie dans le temps", estime Michel Richard, secrétaire général adjoint du Syndicat national des personnels de direction de l'Education nationale (SNPDEN). Les proviseurs appellent donc le gouvernement à trancher entre application de la loi Evin et directives liées à l'état d’urgence.

En attendant une réponse politique, c'est finalement la justice administrative qui pourrait trancher. Le tribunal administratif de Cergy-Pontoise (Val d’Oise) doit se prononcer le 13 avril prochain sur le recours déposé par deux associations, Droits des non-fumeurs (DNF) et le Comité national contre le tabagisme.