Alzheimer : le café torréfié aiderait-il à prévenir la maladie ?

Une étude suggère que les molécules produites lors de la torréfaction des grains pourraient exercer une action neuroprotectrice contre la maladie d'Alzheimer.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Le café a un effet protecteur mais il ne dépend pas de la caféine. C'est sa torréfaction qui fait la différence.
Le café a un effet protecteur mais il ne dépend pas de la caféine. C'est sa torréfaction qui fait la différence.

Le café pourrait prévenir le déclin cognitif. Au cours des dernières années, de nombreuses recherches ont suggéré que cette boisson pourrait avoir un effet positif sur l'attention et la mémoire et réduire les lésions typiques de la maladie d'Alzheimer. Quels sont les composants du café responsables de cette action ? Comment fonctionnent-ils ? Un groupe de chercheurs canadiens a tenté de répondre à ces questions.

Les scientifiques de l'institut de recherche Krembil recherchent des molécules pour prévenir la maladie d'Alzheimer, empêchant ainsi l'agrégation des protéines tau et bêta-amyloïdes dans les neurones. Le processus d'agrégation est en fait caractéristique de la pathologie au cours de laquelle ces protéines forment des fibrilles toxiques pour les neurones.

Ils ont analysé divers composants du café. Résultat surprenant : ce n’est pas la caféine, mais d'autres molécules contenues dans les grains torréfiés, qui inhibent l'agrégation des protéines. L'étude a été publiée dans la revue Frontiers in neuroscience en octobre 2018.

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La torréfaction fait la différence

Les chercheurs ont utilisé, dans leurs expériences, les extraits de trois types de café : le café à torréfaction légère, torréfié à basse température et qui contient beaucoup de caféine ; le café à torréfaction sombre, grillé à des températures plus élevées, qui contient moins de caféine et le décaféiné à torréfaction sombre.

Les trois extraits ont été utilisés sur la protéine tau et la bêta-amyloïde. Tous les trois, à une certaine concentration, indépendamment de la teneur en caféine, inhibent l'agglomération des protéines dans des conditions expérimentales de laboratoire. Le café a donc un effet potentiellement protecteur, mais il ne dépend pas de la caféine. C'est plutôt la torréfaction du café qui fait la différence.

Les chercheurs se sont ensuite concentrés sur les molécules produites en grande quantité grâce au processus de torréfaction. Ce sont les phénylindres, qui se forment dans la graine lors du grillage, à partir des acides du café, qui empêchent, même à faible concentration, l'accumulation de tau et de la bêta-amyloïde.

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"Les résultats suggèrent que le café est un remède? Absolument pas. "

Une découverte prometteuse, mais le Dr Donald Weaver, codirecteur de l'institut du cerveau de Krembil, recommande d'interpréter les résultats avec prudence: "Cette étude a pris en compte les preuves épidémiologiques et a tenté de prouver qu’il y a en effet des composants du café qui sont utiles pour lutter contre le déclin cognitif. C'est intéressant, mais nous suggérons que le café est un remède? Absolument pas ".

Le chemin est encore long pour imaginer un traitement thérapeutique à base de phénylindanes. Les molécules peuvent être extraites facilement. Il est maintenant nécessaire de comprendre comment fonctionnent ces composés et si, comme la caféine, une fois ingérés, ils peuvent atteindre le cerveau.

Les chercheurs ont déjà commencé à tester ces molécules prometteuses sur des cellules neuronales cultivées en laboratoire et sur des modèles animaux de la maladie d'Alzheimer.

Par Camilla de Fazio