L'incroyable greffe des deux bras de Felix Gretarsson

En janvier 2021, Felix Gretarsson bénéficiait de la première greffe mondiale bilatérale de bras réalisée. Retour en images sur cette prouesse chirurgicale et sur les mois de reconstruction et de rééducation qui ont suivi.

Farah Kesri
Rédigé le
Un homme greffé de deux bras
Un homme greffé de deux bras  —  Le Mag de la Santé - France 5

Vivre avec les bras d'un autre est l'incroyable histoire de Felix Gretarsson. Il est le premier au monde à avoir été greffé des deux bras. 

"La première chose que j'ai ressenti était la douleur mais assez rapidement après la douleur, j'ai vu les bras. Ils m'ont semblé un peu étrangers, mais je me les suis immédiatement appropriés. Le sentiment le plus fort que j'ai ressenti est la gratitude que quelqu'un m'ait fait ce cadeau", explique Felix Gretarsson, 50 ans.

"Mon rêve était réalisé, je l'avais fait !"

Il a reçu les bras de son donneur en 2021. 23 ans après une électrocution qui lui a coûté ses deux bras alors qu’il réparait des poteaux électriques en Islande. C'est une équipe lyonnaise qui a réalisé la greffe.

"Quelques semaines après la greffe et les premiers sept mois, c'est une douleur incroyable. Mais mon rêve était réalisé, je l'avais fait !", poursuit Felix Gretarsson.

" Je ne me sentais pas tout à fait à l'aise avec la pensée qu'il allait avoir sur lui les bras de quelqu'un d'autre, mais en fait, c'était complètement naturel et puis le plus important, c'était de le voir avec un grand sourire", confie Sylvia Gretarsson, son épouse.

Après l'opération, les nouveaux bras de Felix n’étaient qu’un poids inerte. Il lui a fallu plusieurs mois pour réussir à faire le moindre geste. Aujourd’hui, s’il a acquis plus d’autonomie, c’est au prix d’une rééducation intense. Félix peut même s’aider de ses mains pour conduire.

Surveiller le risque de rejet

Comme tous les jours depuis deux ans, il se rend à l’hôpital pour une journée bien chargée. Le but est de faire travailler chacun des muscles des bras de Félix en partant de l’épaule jusqu’au bout des doigts.

"Les deux épaules fonctionnent relativement bien, les muscles des biceps, triceps pour la mobilité du coude fonctionnent bien aussi des deux côtés. Ce qui progresse, mais qui n'est pas encore très efficace, ce sont tous les muscles qui traversent le coude et les muscles du poignet", explique Mélanie Giannesini, kinésithérapeute à l'hôpital Henri Gabrielle.

Comme pour toute greffe, le risque de rejet existe. Le médecin du service surveille le moindre signe suspect."Les premiers signes de rejet se voient au niveau de la peau donc dès qu'il y a des nouveaux signes qui apparaissent sur la peau, on est toujours bien vigilants. Il faut s'assurer que ça ne pourrait pas être le premier signe d'un début de rejet", précise la Dre Laure Huchon, médecin de réadaptation physique à l'hôpital Henri Gabrielle.

Stimuler les neurones miroirs

Pour progresser encore, Félix doit renforcer les muscles de ses mains grâce à la stimulation électrique. Car tous les nerfs n’ont pas encore poussé suffisamment pour lui permettre de bouger les doigts.
"Avant, il ne sentait pas du tout. Du coup, c'est une bonne nouvelle que ça soit désagréable. Après, pour lui ce n'est pas une partie de plaisir", précise Mélanie Mazaud, kinésithérapeute.

Pour que Félix acquière plus de dextérité, il doit aussi reprogrammer ses neurones. Car durant 23 ans, ses bras et ses mains ont été oubliés par son cerveau.

"L'objectif, c'est que Félix soit vraiment immergé dans l'écran. Il faut qu'il ait l'impression que ce qu'il voit soit le prolongement de ses bras qui bougentpour stimuler les neurones miroirs qui vont aider à retrouver les schémas moteurs qu'il avait antérieurement", détaille Salomé Sainte-Marie, kinésithérapeute.

"Au-delà de ce qu'on avait espéré"

S’entraîner sans cesse, trouver des solutions pour gagner en autonomie, c'est un combat quotidien qui force l’admiration de tous. 

"Il est au-delà de ce qu’on avait espéré. Le protocole de rééducation lui-même ne prévoyait pas une telle récupération", commente Jean-François Bodin, ergothérapeute à l'hôpital Henri Gabrielle.

"Ils ne seront jamais comme mes bras d'origine, mais je pense que je peux faire beaucoup mieux. Cela nécessite beaucoup de pratique", conclut Felix Gretarsson.  

Les médecins estiment que dans quelques mois Félix ne progressera plus, mais jusqu’à présent, il a déjoué tous leurs pronostics.