Le premier bébé né après une greffe d'utérus a un an

Le 12 février 2021, Déborah Berlioz, née sans organe reproducteur, donnait la vie à Misha. Un petit miracle rendu possible grâce à une greffe d'utérus. Retour sur une naissance spectaculaire.

Emilie Spertino
Rédigé le , mis à jour le
Le 1er bébé né d'une greffe d'utérus fête ses 1 an
Le premier bébé né après une greffe d'utérus a un an  —  Le Magazine de la Santé

Deborah et Pierre savourent leur quotidien avec leur petite fille Misha, 1 an tout juste. Un bonheur qui a longtemps été impossible car Deborah est née sans utérus.   

"A 17 ans, j’ai appris que j’étais atteinte du syndrome MRKH, qui est l’absence congénitale d’utérus. C’est de cette manière que tous mes rêves de parentalité, de maternité se sont effondrés. Quand on rencontre un garçon, on se pose la question. Est-ce qu’il va m’accepter comme je suis ? A quel moment je dois annoncer que je ne pourrai pas porter d’enfant ?", confie Déborah Berlioz.

Première greffe de l'utérus en France

Deborah découvre alors qu’un essai clinique vient tout juste de démarrer à l’hôpital Foch. En 2018, elle devient la première française à être greffée d’un utérus.

"C’est le moment où tout va se jouer, ça y est, on y est en fait, on est à l’instant de la greffe. Quand je me réveillerai, j’aurai un utérus, je serai complète", s'exclame Déborah. 

C'est une opération délicate que Pierre, son mari, ne risque pas d’oublier.

"On avait des nouvelles saccadées. Ils ont eu beaucoup d’empathie pour nous mais  sans trop nous en dire car on ne voulait pas tout savoir non plus. C’était long et stressant", se souvient Pierre. 

Quelques mois après la greffe, l’heureuse nouvelle ne tarde pas à arriver.  

Un espoir pour d'autres patientes

Le professeur Jean-Marc Ayoubi a réalisé cette prouesse médicale. C'est l’aboutissement de longues années de recherches pour lui et son équipe de l’hôpital Foch et qui ouvre d'immenses perspectives.

"Il y a vingt ans, c’était considéré comme du domaine de l’impossible. On disait à ces patientes qu'il fallait penser à autre chose, que la grossesse était finie. Ce n’est donc pas un miracle mais un espoir. Ce qui est certain, c’est qu’avant la fin de l’année, il y aura certainement d’autres greffes qui seront réalisées dans le service", explique le Pr Jean-Marc Ayoubi.

Une greffe provisoire

Deborah peut conserver l’utérus cinq ans maximum pour éviter les risques liés à la greffe. Le temps de concevoir un deuxième enfant.

"On s’était dit au départ que si un fonctionnait bien, ce serait top. Le fait qu’on ait la possibilité d’en avoir un deuxième, c’est le bébé bonus. On sera une vraie famille, comblée de joie", conclut Déborah.

Misha rejoint le cercle très restreint des bébés nés après une greffe d’utérus. À ce jour, ils sont une vingtaine dans le monde entier.