Le laser anti-tabac, une technique efficace pour arrêter de fumer ?

Des "centres laser anti-tabac" promettent aux fumeurs qu'en une séance, la cigarette ne sera plus qu'un lointain souvenir. Mais attention aux arnaques : cette méthode n'a jamais prouvé son efficacité.

Maroussia Renard
Rédigé le
Laser anti-tabac : de fausses promesses

Le laser serait-il la nouvelle arme pour se libérer de la cigarette ? Sa promesse : l'arrêt du tabac en une seule séance, un taux de réussite qui frôle les 90 % et une garanti ni de rechute ni de prise de poids… 

Valérie s’est laissé tenter, après 30 ans de tabagisme et plusieurs essais pour arrêter."J’ai fait une première tentative d’arrêt avec l’hypnose, ça avait très bien fonctionné, j’ai arrêté pendant trois ans. Malheureusement, j’ai rechuté pour des raisons toujours très bêtes. Pendant un moment, je me suis dit que je serai fumeuse toute ma vie parce que j’aime ça", explique Valérie Varnuat.

Un laser à froid

Mais elle a fêté ses 50 il y a quelques mois et ça a été un déclic. En avril dernier, elle a fait une première séance de laser anti-tabac qui a fonctionné. Si elle revient aujourd’hui, c’est parce qu’elle a repris la cigarette cet été : elle a craqué pendant une soirée.

Malgré sa blouse blanche, Hugues Mandoul n’est pas médecin. Ancien fumeur, c’est le laser qui lui a permis d’arrêter il y a 10 ans. Depuis, il a décidé d’en faire son second métier.

Il reçoit ses clients dans son salon et tout son matériel tient dans une mallette. Son laser à froid n’a rien à voir avec les lasers de chirurgiens qui sont des lasers beaucoup plus puissants, qui cautérisent, coupent ou chauffent.

Entre l’acupuncture et l'auriculothérapie

Cette méthode se revendique de l’auriculothérapie, elle-même dérivée de l’acupuncture. En stimulant des points sur le bras, le visage et le pavillon de l’oreille, le laser aurait une action sur le cerveau.

Hugues Mandoul a développé une théorie bien à lui qui repose sur les endorphines, les hormones du bien-être."Dans le cadre des fumeurs, l’hypothalamus ne travaille plus parce qu’il est alimenté par des fausses endorphines, qui sont contenues dans la cigarette. Le problème, c’est que ces endorphines sont chimiques, elles sont éphémères, et c’est pour cette raison qu’on s’habitue après la première cigarette à en prendre une deuxième, puis une troisième… Tout l'intérêt de cette méthode du laser est de réactiver l'hypothalamus pour qu'elle recréer soi-même ses endorphines et comme ça, contrecarrer l'envie de cigarette", poursuit Hugues Mandoul.

"Des allégations mensongères"

Pour vous faire passer l’envie, il faut compter en moyenne 150 euros la séance. Mais est-il vraiment efficace ? Le Comité national contre le tabagisme et le Pr Daniel Thomas répondent.

"Il n’y a aucune donnée scientifique valable… Donc on est vraiment avec des allégations, on peut dire mensongères. Ce n'est pas étonnant qu’ils trouvent quelques témoignages, mais c’est le petit pourcentage de fumeurs chez lesquels l’effet placebo a joué son rôle", répond le Pr Daniel Thomas.

Pour arrêter de fumer, il est recommandé de consulter un médecin ou un tabacologue. Il pourra vous prescrire des substituts nicotiniques ou des médicaments, des méthodes validées et remboursées par l’Assurance maladie.