Pourquoi les statues grecques ont-elles de petits pénis ?

Vous l'avez sans doute remarqué les héros grecs sont souvent représentés avec des corps musclés et... un petit pénis. Un contraste marquant qui interroge sur l'image du sexe masculin durant l'Antiquité grecque.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Leur profil parfait et leurs muscles saillants vous font pâlir d'envie. Pourtant, guerriers et athlètes ou jeunes éphèbes... toutes les statues grecques sont représentées avec un petit pénis.

Pourquoi les Grecs réduisaient-ils la taille du sexe ?

A l'atelier de la réunion des musées nationaux Grand Palais, nous avons voulu savoir pourquoi en posant la question à un historien spécialiste de la Grèce ancienne, Flavien Villard : "Ce pénis montre que le citoyen n'est pas une personne qui est obsédée par les pratiques sexuelles, qu'il les maîtrise et qu'il ne se laisse pas diriger par ça. C'est une personne modérée qui n'est pas portée sur la chose et qui ne se laisse pas diriger dans sa vie par ses désirs".

A l'inverse, les personnages représentés avec un gros pénis incarnent à l'époque un contre-modèle de l'idéal masculin : "Les personnages mythiques un peu débridés, hybrides qu'on appelle souvent satyres ou silènes sont des personnes mi-bouc, mi-âne, mi-humain. Ils font partie du cortège de Dionysos, dieu de l'ivresse, du vin, de la festivité. Ces personnes laissent libre cours à leurs désirs et ils sont toujours représentés en érection, ils marchent en érection, ils jouent avec leur sexe", explique Flavien Villard.

L'incarnation d'un idéal masculin

Les athlètes grecs se démarquaient des autres peuples dans leur façon de pratiquer le sport puisqu'ils étaient entièrement nus. Au moment des Jeux, pour plus de confort, les hommes attachaient leur sexe : "Il y a un lien, une attache. C'est une sorte de bandelette de cuir qui s'attachait sur le bout du prépuce. On tirait le bout du prépuce, on nouait quelque chose autour et ensuite il y avait deux choix : soit on rabattait le pénis contre le ventre donc en partie haute, soit on en faisait une sorte d'escargot, on le recroquevillait car il ne faut absolument pas quand on est nu, montrer le gland. Cette partie devait être cachée".

Pour le citoyen grec, la représentation d'un petit pénis est donc l'incarnation d'un idéal masculin qui doit être modéré en toutes circonstances. Bien loin du grand séducteur, figure qui émergera au XVIIIe siècle.