Traitement de l'obésité : le premier ballon intra-gastrique à avaler
Pour lutter contre l'obésité, des chercheurs américains ont élaboré un nouveau ballon intra-gastrique contenu dans une petite gélule qu'il suffit simplement d'avaler. Ce nouveau procédé révolutionnaire vient d'être mis sur le marché en France. Mais le système présente de nombreuses contre-indications et effets indésirables...
Un ballon à avaler sans endoscopie, ni sédation
Le nouveau système Obalon© américain est un ballon intra-gastrique comprimé dans une gélule, à avaler avec un verre d'eau, qui se gonfle dans l'estomac limitant ainsi la prise alimentaire. C'est le premier ballon pouvant être posé sans endoscopie, ni sédation.
Il a été élaboré pour les personnes en surpoids ou obèses avec un "indice de masse corporelle (IMC) supérieur ou égal à 27 qui ont précédemment échoué à un programme supervisé de contrôle de poids", dans le but de leur épargner une chirurgie.
Une petite gélule reliée à un cathéter de la taille d'un spaghetti contient un ballon comprimé. Cette gélule une fois avalée, atteint l'estomac. Sa coque de gélatine lui permet de fondre au contact de la muqueuse gastrique et libère ainsi le ballon.
Le gonflement du ballon peut alors se faire à l'aide du petit cathéter. 250 cm3 d'azote sont ensuite insufflés et permettent le déploiement du ballon. Le cathéter est ensuite retiré par la bouche. Le ballon flottant est suffisamment volumineux pour ne pas remonter dans l'œsophage ou descendre dans l'intestin.
Les études évaluant les performances cliniques du ballon Obalon© ont montré une perte 50,2% d'excès de poids, de 2,8 points de l'IMC en trois mois, de 8,3% de perte de poids corporel total. En activant le phénomène de satiété, le ballon diminue ainsi les apports alimentaires.
Ces chiffres sont évidemment à relativiser car il faudrait évaluer à distance le maintien de la perte de poids après l'ablation des ballons.
Risque d'occlusion intestinale, parfois mortelle
Le principal risque de ce nouveau ballon est sa déflation spontanée. Si le ballon se dégonfle spontanément, il pourrait alors atteindre les anses digestives risquant de provoquer une occlusion intestinale, parfois mortelle.
La plupart des ballons intra-gastriques actuels contiennent un colorant bleu dans le ballon capable de colorer les urines en cas de déflation spontanée. La coloration des urines en bleu alerte alors le patient qui peut consulter rapidement pour se faire retirer le corps étranger.
D'autres risques ne sont pas négligeables : nausées, vomissements, hémorragie intestinale ou encore ulcération de l'estomac.
Contre-indiqué en altitude supérieure à 660 mètres
La société Obalon Therapeutics a récemment adressé un courrier aux distributeurs du produit pour les alerter que "les systèmes de gonflage Obalon ne doivent pas être utilisés à des altitudes supérieures à 660 mètres par rapport au niveau de la mer".
Dans ce courrier, il est stipulé que "le gonflage des ballonnets à ces altitudes supérieures au moyen des produits du système de gonflage affectés entraîne un surgonflage du ballonnet à des pressions situées hors de la plage acceptable. Si le ballonnet a été gonflé à des pressions trop élevées, une extraction endoscopique est nécessaire dans les 24 heures".
L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a immédiatement été informée de la mise en œuvre de cette action de sécurité par la société Obalon Therapeutics.
Moins bons résultats que la chirurgie bariatrique
Les ballons intra-gastriques existent déjà depuis plusieurs années et sont posés pour une durée de six mois. Ce qui change ici, c'est le système de pose, plus facile en effet, qui ne nécessite pas de fibroscopie.
Les multiples études montrent que les résultats à long terme de ce type de technique d'amaigrissement ne sont pas glorieux.
Ils sont bien inférieurs à ceux de la chirurgie de l'obésité en matière de perte de poids et de maintien à long terme de la perte de poids. Les patients ont tendance à reprendre facilement leurs kilos une fois le ballon ôté.
Certes, ce système est plus facile à poser car il n'impose pas de fibroscopie mais une exploration digestive en amont est normalement nécessaire.
Par ailleurs, la chirurgie de l'obésité a un intérêt sur le traitement du diabète mais aucune étude n'a démontré le rôle du ballon dans le diabète chez une personne obèse", explique le Dr Loriau, chef de service de chirurgie digestive à l'hôpital Saint-Joseph à Paris.
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