Tentative d'empoisonnement de trois chercheurs de l'Institut Gustave-Roussy

L'institut Gustave-Roussy de Villejuif (Val-de-Marne), premier centre de lutte contre le cancer en Europe, a annoncé avoir déposé plainte lundi 7 avril 2014 pour tentative d'empoisonnement après l'intoxication de trois chercheurs, a-t-on appris auprès de l'établissement, confirmant une information du journal Le Parisien.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Le bâtiment principal de l'Institut Gustave-Roussy (cc-by-sa Sam67fr)
Le bâtiment principal de l'Institut Gustave-Roussy (cc-by-sa Sam67fr)

Trois chercheurs de l'unité de recherche l'institut Gustave-Roussy avaient été pris lundi 31 mars 2014 de vomissements et de maux de tête après avoir bu un café préparé avec de l'eau chauffée dans une bouilloire de leur salle de pause.

"Ils ont à peine bu qu'ils ont senti une odeur anormale(1), ils ont recraché et ont été immédiatement pris d'étourdissements et d'une perte de connaissance", a expliqué à l'AFP Charles Guépratte, le directeur général adjoint de l'institut Gustave-Roussy.

Après des examens à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre, les employés étaient ressortis dans la journée.

Le même jour, les employés de l'unité découvraient que la porte du frigo de leur salle de repos avait été forcée et que plusieurs tubes de culture des laboratoires avaient été déplacés derrière des meubles du pavillon.

La direction a déposé plainte après la découverte, dans la bouilloire utilisée par les chercheurs pour leur consommation de boissons chaudes, d'une substance toxique, l'azoture de sodium (un produit utilisé dans les laboratoires pour éviter le développement de certaines bactéries dans les échantillons biologiques). Des examens ont prouvé que l'eau du robinet était bien propre à la consommation.

Charles Guépratte ne s'explique pas la présence dans la bouilloire de cette substance, inappropriée pour un éventuel détartrage. "Compte tenu de la concentration, on peut exclure la maladresse", a-t-il déclaré, ajoutant que "la dose aurait pu conduire à des conséquences plus graves".

"La direction considère que c'est forcément intentionnel et qu'il s'agit d'un acte de malveillance", a continué M. Guépratte, "même si elle reconnaît ne pas avoir d'"explications, ni même l'idée d'un mobile".

Les pavillons de recherche n'étant "traditionnellement pas les lieux les plus sécurisés", la direction a mis en place des mesures de surveillance particulières et a demandé à ses salariés d'être vigilants, de fermer les portes et de rincer les récipients avant utilisation.

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(1) Le composé à l'origine de l'intoxication s'est révélé être de l'azoture de sodium, qui est en soi inodore. Toutefois, chauffé, il se dégrade en des composés odorants. A noter que, si sa température augmente rapidement, l'azoture de sodium peut exploser (dégagement rapide d'un volume important de gaz) - une propriété chimique utilisée pour le gonflement de certains coussins de sécurité (airbags) dans les automobiles.