Rouen-Paris : le nuage de gaz est-il toxique ?

Une étrange odeur de gaz a inquiété de nombreux habitants en Haute-Normandie et en Ile-de-France, dans la nuit du 21 au 22 janvier 2013. En cause, des émanations accidentelles provenant d'une usine chimique de Rouen, et senties jusqu'à Paris.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Entretien téléphonique avec le Pr André Picot, toxicologue au CNRS
Entretien téléphonique avec le Pr André Picot, toxicologue au CNRS

Poussée par les vents, cette odeur, encore perçue à l'aube le 22 janvier 2013, dans les rues de Paris, a provoqué une telle inquiétude que des centaines d'appels ont été reçus par les services de secours, 18 et 112, qui ont très vite été saturés, en Normandie comme en Ile-de-France.

C'est une réaction chimique imprévue, produite dans l'entreprise Lubrizol, tôt dans la matinée du 21 janvier 2013, qui est à l'origine des émanations de ce gaz nauséabond.

Ce gaz, le mercaptan (ou méthanethiol), est couramment utilisé comme "marqueur olfactif" pour le gaz de ville, qui lui est inodore, afin de repérer les fuites et prévenir ainsi les accidents. Il est produit à l'état naturel lorsque les matières organiques se décomposent, dans les marais, les égouts et même lors de la digestion, il dégage une "odeur caractéristique" de putréfaction "qui est ressentie par les individus à de très faibles concentrations". "Malgré une accoutumance de l'odorat, ceci permet souvent de prévenir les accidents", souligne l'INRS, organisme de référence dans la prévention des risques professionnels .

Le ministère de l'Intérieur a indiqué que le méthanetiol était présent à "un seuil de concentration très faible" et qu'il "ne présente pas de risques pour la santé".

Le méthanetiol est cependant un produit classé officiellement comme "toxique par inhalation" et "dangereux pour l'environnement".

Selon l'INRS, des cas d'intoxication aiguë ont été rapportés chez des travailleurs directement exposés à l'inhalation de méthanetiol, se traduisant par une irritation pulmonaire, des nausées, des vomissements et diarrhées, voire des troubles de conscience et de la respiration pour les plus graves.

A faible concentration, les manifestations chroniques sont essentiellement une irritation des yeux, des muqueuses respiratoires et de la peau, précise la fiche de l'Institut (PDF).

L'incident est en phase de neutralisation. Le nuage doit se dissiper "naturellement en fonction des conditions météorologiques", selon les pompiers de Paris.

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