Des patients étrangers pour renflouer les caisses des hôpitaux

L'AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) a signé un accord avec une société basée au Moyen-Orient pour développer l'accueil de riches patients étrangers. Un bon moyen de renflouer les caisses des hôpitaux, selon le JDD du 5 août 2012.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

- Reportage de Dominique Tchimbakala, Matthias Denizot, Jean-Philippe Belleudi -

De plus en plus de riches patients étrangers viennent se faire opérer en France dans les hôpitaux publics. Ils bénéficient ainsi de soins de qualité, a un tarif compétitif. Les hôpitaux français, en mal de recettes, entendent donc aujourd'hui développer cette offre.

Selon le JDD, un accord a été signé entre l'AP-HP et la société d'Assurance Globemed, un partenaire d'Axa basé au Liban. Il pourrait rapporter 20 millions d'euros par an. La coopération portera dans un premier temps sur le Moyen-Orient, puis devrait être élargi à l'Asie, la Russie et aux anciennes républiques soviétiques.

L'idée est de rentabiliser le phénomène, en augmentant le nombre de patients et en facturant les soins plus chers que le tarif sécu.

"Il est anormal que la Sécurité sociale française sponsorise les soins de gens aisés issus de pays qui n'ont pas de problèmes financiers", argumente Stéphane Fériaut, directeur du développement de l'AP-HP.

Au maximum 1 % des malades

Il souligne que la proportion de patients étrangers soignés à Paris ne dépasserait jamais 1 % du total des malades, ajoutant : "On n'a pas vocation à devenir un hôpital privé".

L'AP-HP reçoit déjà chaque année près de 7 500 patients étrangers. Parmi eux, environ 2 300 malades payants de leur poche ou couverts par une assurance, souvent originaires du Maghreb et du Proche-Orient, attirés par la médecine de pointe française, rappelle le JDD. "Mais le système n'était pas organisé", a indiqué Zohra Bensalem-Djenadi, qui pilote le dossier à l'AP-HP, citée par le journal. Toujours selon lui, les opérations seront prévues à l'avance, afin de ne pas retarder les soins des patients français.

Un déficit de 73,7 millions pour l'AP-HP

En 2012, l'AP-HP prévoit un déficit de 73,7 millions contre 90 millions en 2011, avant un retour à l'équilibre prévu pour 2013, selon ses chiffres officiels. "Il s'agira surtout de nous assurer des ressources supplémentaires pour pouvoir financer du matériel qu'on ne peut pas acheter aujourd'hui et pour améliorer les conditions de travail de nos équipes", a précisé Stéphane Fériaut à l'AFP.

D'autres hôpitaux français semblent vouloir emprunter le même chemin : "Les hôpitaux de Marseille ont annoncé qu'ils voulaient développer cette activité de manière conséquente et ceux de Lyon ont envie de travailler avec nous sur ce sujet là", a relevé M. Fériaut. L'AP-HP a par ailleurs récemment signé des "contrats stratégiques de coopération et de partenariat" avec Shanghai et Pékin.

Le paradoxe du "tourisme médical"

Toujours selon le JDD, dans un article paru le 14 octobre 2012, les Etats étrangers seraient aussi responsables du déficit des hôpitaux parisiens, puisqu'ils devraient près de 50 millions d'euros à l'AP-HP. Des malades venus d'Algérie, du Maroc, de Tunisie, des pays du Golfe, d'Afrique, des Etat-Unis... viennent en effet se faire soigner en France, sans que l'avance des frais médicaux pris en charge par l'AP-HP ne soient jamais remboursés. Et, comme le souligne le JDD.fr, "il ne s'agit pas de sans-papiers bénéficiaires de l'aide médicale d'Etat ou d'enfants atteints de malformations graves que la France opère gratuitement par soucis humanitaire, mais de personnes couvertes par une assurance santé dans leur pays ou adressés par les ambassades".

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