Recul de l’accès à la contraception et à l’avortement

Trente-cinq ans après la loi Veil, l’accès à la contraception et à l’avortement est encore compliqué en France. Spécialistes et associations alertent sur un recul préoccupant des droits des femmes en matière de santé. Deux mutuelles lancent un appel.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Recul de l’accès à la contraception et à l’avortement

Près d’une femme sur cinq ne bénéficie d’aucun suivi gynécologique régulier, d’après une enquête OpinionWay pour la MGEN sur les femmes et l’accès à la santé. 

"Le délai de rendez-vous pour une consultation gynécologique est trop long", s’agace le Dr Brigitte Letombe, gynécologue. "Or la consultation ce n’est pas seulement du dépistage, ce qui nous importe c’est aussi de faire de la prévention. Et les médecins généralistes ne peuvent pas prendre en charge toute la gynécologie !", précise-t-elle.

Inégalités régionales dans l'accès à l'IVG

Un constat que font la LMDE et la MGEN, mutuelles engagées dans la lutte pour le droit des femmes : "dans certaines régions, obtenir un rendez-vous dans les délais légaux est devenu très difficile en raison du manque de personnel ou du refus de certains praticiens de réaliser des IVG."

Des inégalités régionales qui se ressentent aussi dans l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). "L’IVG n’est pas égal sur tout le territoire français en raison des réorganisation hospitalières et des fermetures de centres d’IVG", déplorent les deux mutuelles.

Toujours selon l’enquête OpionWay, une donnée importante ressort : parmi les femmes non suivies, on trouve davantage de femmes jeunes sans mutuelle et célibataires. Car l’autre problème majeur est que "les IVG concernent de plus en plus les jeunes filles", regrettent les mutuelles. Sur 222 137 IVG, en France, en 2009, 11 700 concernaient des mineures. Un chiffre en augmentation depuis 2001, puisqu’elles étaient déjà 9 500.

Un constat qu’ils expliquent, notamment, par le fait que "l’Assurance-maladie ne prend pas suffisamment en charge les contraceptifs." Pour le Dr Brigitte Letombe, présidente d’honneur de la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale, "la contraception gratuite serait l’idéal, c’est une utopie mais il faudrait au moins que les jeunes femmes de moins de 25 ans et les mineures puissent avoir accès au mode de contraception qu’elles ont choisi, mais ces femmes choisissent souvent par défaut le contraceptif qui leur revient le moins cher."   

L’appel des mutuelles

Face à ces constats, la LMDE, la MGEN, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) et la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale (FNCGM) lancent un appel aux pouvoirs publics "pour le droit des femmes à un accès universel et égalitaire à la santé."

Dans cet appel, ils réclament le droit à l’avortement sur tout le territoire, en garantissant l’accès aux structures de proximité ; la gratuité de l’ensemble des moyens de contraception ; un suivi gynécologique égal pour toutes les femmes, sur tout le territoire et à tous les âges de la vie, par des praticiens formés et informés assurant ce suivi sans dépassement d’honoraires ; et des programmes d’éducation sexuelle dans les écoles, collèges et lycées. Parmi les mesures primordiales en terme de prévention et d’éducation à la sexualité des jeunes femmes, "nous souhaitons la mise en place d’une première consultation gynécologique gratuite pour les adolescentes de 14 à 18 ans", explique Benoît Coquille, à la direction de la communication de la MGEN. 

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