Pour ou contre la généralisation du tiers payant ?

Longtemps réclamé par des associations de patients, le projet d'une généralisation du tiers payant d'ici à 2017, présenté dans le cadre de la nouvelle stratégie sanitaire nationale, ne fait cependant pas l'unanimité auprès des professionnels de santé. Allodocteurs.fr passe en revue des principaux arguments en faveur et en défaveur de la future réforme.

Florian Gouthière
Rédigé le
Marisol Touraine expose ses engagements pour la généralisation du tiers payant d'ici à 2017.
Marisol Touraine expose ses engagements pour la généralisation du tiers payant d'ici à 2017.

Pour Claude Rambaud, présidente du Collectif Interassociatif Sur la Santé (CISS), l'annonce gouvernementale répond à un réel besoin des patients : "Aujourd'hui, il y a des gens qui sont dans le rouge à la banque en attendant le remboursement de leur soins, ou qui renoncent même à leurs soins pour des raisons financières... C'est un modèle de société profondément injuste. La généralisation du tiers payant est un progrès évident, que nous réclamons depuis très longtemps".

Michel Chassang, président de la Confédération des Syndicats Médicaux Français (CMSF) ne dénie pas la nécessité d'améliorer la prise en charge des personnes en difficultés : "On comprend bien la volonté politique pour les plus démunis. A cet égard, nous sommes naturellement prêt à faire tous les efforts nécessaires ! Mais le fait est que c'est bien plus compliqué à faire qu'à dire. Et le gouvernement ne donne pour l'heure aucune indication sur les solutions qu'il compte mettre en œuvre pour rendre la généralisation du tiers payant possible !"

Michel Chassang identifie deux principaux écueils techniques à cette réforme annoncée.

"Le remboursement aux médecins de la part prise en charge par l'Assurance-maladie est aujourd'hui bien organisé. En revanche, avec la multiplicité des complémentaires santé (il y en a plus de 400 en France), il va falloir mettre en place une plateforme pour assurer et garantir le paiement [des sommes qui restent à leur charge]."

"Par ailleurs, il y a la question des franchises : que deviennent-elles dans un système où l'avance de frais disparaît ? Jusqu'à présent les franchises de 50 centimes d'euro par boîte de médicament et de 1 euro par acte médical sont déduites par l'Assurance-maladie du remboursement des consultations. Auprès de qui le gouvernement souhaite-t-il recouvrir ces sommes ?"

Pour Claude Rambaud, ces questions techniques ont trois ans pour être résolues. Elle souligne d'ailleurs que le dispositif de remboursement par les complémentaires santé est déjà mis en place pour les pharmacies. "Rien ne freine à priori son déploiement auprès des médecins."

Michel Chassang note enfin que, selon le CSMF, il existe "un risque inflationniste, consécutif à la démonétisation de la valeur des actes, dont les conséquence sur la maîtrise des dépenses de santé n’a pas été évalué".

Un dernier argument qui laisse sceptique Claude Rambaud : "les patients ne regardent pas leur feuille de remboursement. La plupart savent qu’ils sont tôt ou tard remboursés… et c’est tout. On peut en fait penser que la généralisation va avoir un effet pédagogique.

Et vous ? Que pensez-vous de ce projet de généralisation du tiers payant en 2017 ? Vos commentaires seront les bienvenus !

 

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