Du Botox® pour combattre le cancer de l'estomac ?

Des injections de Botox® (toxine botulique) comme thérapie anti-cancéreuse, c'est l'étonnante découverte de différentes équipes de chercheurs. Cette toxine, star de la chirurgie esthétique, bloque les influx nerveux et aiderait ainsi à freiner la progression du cancer de l'estomac, selon une étude publiée dans la revue Science Transnational Medicine, le 20 août 2014.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Du Botox® pour combattre le cancer de l'estomac ?

Cette dernière étude menée sur des souris et qui vient corroborer des observations sur des malades "montre que les nerfs contrôlent les cellules souches cancéreuses", écrivent les auteurs de ces travaux, les professeurs Timothy Wang et Duan Chen, respectivement de la faculté de médecine de l'Université de Columbia à New York et de l'Université norvégienne de science et de technologie.

Bloquer la progression de la tumeur

"Bloquer les signaux nerveux rend les cellules cancéreuses plus vulnérables en supprimant un des facteurs clés qui régulent leur croissance", explique le professeur Wang.

Cet effet sur le cancer pourrait s'expliquer par le fait que la toxine botulique empêche la production d'acétylcholine, un neurotransmetteur clé qui stimule aussi la division cellulaire, relèvent ces chercheurs dont les travaux paraissent dans la revue Science Transnational Medicine.

Les scientifiques ont testé avec des souris, chez lesquelles ils avaient induit un cancer de l'estomac, quatre méthodes de suppression de l'influx nerveux qui, toutes, ont bloqué la progression de la tumeur.

Ils ont sectionné les nerfs tout autour du cancer chez certains de ces rongeurs, sur un côté seulement de la tumeur chez d'autres, et supprimé dans un troisième groupe la production d'acétylcholine avec du Botox. Le quatrième groupe étant le groupe témoin. 

Une autre étude menée sur 37 patients au Japon opérés d'un cancer de l'estomac montre que chez ceux dont l'intervention comprenait davantage de sectionnement des nerfs avait un taux beaucoup plus faible de récurrence de la tumeur.

Toxine botulique et chimiothérapie

Des expériences initiales sur des souris avec un cancer de l'estomac avaient aussi montré qu'utilisé en combinaison avec d'autres agents anti-cancéreux, le Botox® a allongé leur survie jusqu'à 35%, comparativement à une chimiothérapie seule.

"Basé sur nos études animales, je pense que le Botox® ou d'autres thérapies de dénervation vont certainement doper l'efficacité des chimiothérapies standard (...) et des thérapies ciblées", a expliqué à l'AFP le professeur Wang, qui note toutefois les limites de ces expériences qui ont visé seulement des cancers de l'estomac au stade précoce.

Dans son laboratoire, il espère pouvoir mettre au point des agents pour bloquer les récepteurs des neurotransmetteurs. Selon lui, cette approche devrait être plus efficace que le Botox® ou la chirurgie sur des tumeurs invasives de l'estomac et d'autre formes de cancers.

Un essai clinique lancé en Norvège

Pour l'heure, les résultats encourageant des expériences sur les souris ont convaincu le professeur Chen de commencer un essai clinique de phase 2 en Norvège avec des patients atteints d'un cancer de l'estomac.

"Nous pensons que le Botox® est un bon traitement car il peut être utilisé localement et cible les cellules cancéreuses", explique le professeur Chen."Le Botox® peut être injecté avec une gastroscopie qui ne requiert qu'une visite de quelques heures à l'hôpital", ajoute-t-il.

Ce chercheur souligne aussi que cette toxine, dont les effets sont très localisés, "est moins toxique que la plupart des traitements cancéreux standard, est moins onéreux et a moins d'effets secondaires".

Le cancer de l'estomac est le quatrième cancer le plus fréquent et la deuxième cause de mortalité de cette maladie dans le monde.

Etude de référence : Denervation suppresses gastric tumorigenesis, ci Transl Med 20 August 2014:Vol. 6, Issue 250, p. 250ra115, Sci. Transl. Med. DOI: 10.1126/scitranslmed.3009569

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