Des personnalités s’engagent en faveur de l'euthanasie et du suicide assisté

Dans un manifeste publié par Libération, des personnalités demandent à Emmanuel Macron de légiférer sur le suicide assisté et l’euthanasie. Pour le Professeur Alfred Spira, signataire du texte, "il faut pouvoir offrir différents choix aux personnes en fin de vie qui souhaitent mourir, et à leurs familles".

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
La Belgique est le seul pays qui autorise l'euthanasie pour les mineurs, sans limite d'âge (Image d'illustration)
La Belgique est le seul pays qui autorise l'euthanasie pour les mineurs, sans limite d'âge (Image d'illustration)

"Il faut offrir aux personnes la mort qu’elles souhaitent", estime Alfred Spira, professeur honoraire de santé publique et membre de l’Académie nationale de médecine qui fait partie des signataires* d'un "manifeste pour une loi autorisant l’aide active à mourir en France". Signé par plusieurs personnalités, il vient d’être publié dans le journal Libération à l’occasion des Etats généraux de la bioéthique

"La sédation profonde et continue [autorisée par la loi] est une avancée qui, aujourd'hui, n'est pas totalement satisfaisante", estiment les signataires de ce texte. "Il faut, avec des critères stricts, autoriser le suicide assisté et l'euthanasie."

Quatre étapes à franchir

Selon le Pr Spira, il reste encore quatre grandes étapes à franchir pour améliorer les conditions de la fin de vie.  En premier lieu, il faut que les soins palliatifs soient une solution réellement à tous, sur tout le territoire. "Du fait d’une insuffisance de moyens, ces services ne sont pas assez développés en France", fait-il remarquer. "Près des ¾ des personnes ou des familles qui le souhaiteraient n’y ont pas accès", ajoute-t-il.

Ensuite, le médecin juge qu'il est impératif que la légisation autorise une euthanasie encadrée, pratiquée en milieu médical par un personnel qui l’accepte. En effet selon lui, "la sédation profonde et prolongée laisse mourir le malade à petit feu, avec un arrêt de l’alimentation. Cela peut durer plusieurs heures, plusieurs jours, ce qui est très douloureux, très difficile à supporter pour le patient et son entourage. Alors que ce sont des souffrances que l’on peut atténuer, sachant que, de toutes façons, l’issue est connue", ajoute le Pr Spira.

De même, le suicide assisté, "doit pouvoir être proposé aux personnes qui le souhaitent, plutôt que de les placer dans une situation très difficile qui les contraint à se rendre en Belgique ou en Suisse pour y avoir accès", souligne-t-il. Et enfin, "il faudra adapter les directives anticipées à ce qui aura été inscrit dans la loi."

Une acceptation sociale croissante de l'euthanasie

Constatant qu’il existe "une acceptation sociale de plus en plus forte de l’euthanasie et du suicide assisté pour les personnes en fin de vie", le professeur de santé publique conclut : "il faut offrir aux personnes qui le souhaitent le choix de mourir dignement, quand elles le veulent et avec une palette des possibles", un choix qui sera ensuite discuté avec l’équipe médicale.

*Parmi les autres signataires du texte figurent, notamment, les écrivains Noëlle Chatelet et Olivier Adam, les médecin Etienne-Emile Beaulieu et Martin Winckler, Guy Bedos, le philosophe André-Comte Sponville, le journaliste Bruno Masure, Ariane Mnouchkine, et les actrices Mylène Demongeot et Marthe Villalonga.