Accès aux soins : la précarité s'aggrave, dénonce Médecins du monde

Les conditions d'accès aux soins des plus démunis ne s'améliorent pas et la précarité s'aggrave, déplore l'organisation Médecins du monde dans son rapport annuel publié jeudi 15 octobre, dénonçant "la faiblesse de la réponse gouvernementale sur les questions migratoires".

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Accès aux soins : la précarité s'aggrave, dénonce Médecins du monde

En 2014, Médecins du monde a effectué 40.790 consultations médicales et plus de 22.000 consultations sociales dans ses vingt centres d'accueil, d'orientation et de soin (Caso), où plus de 95% des patients sont étrangers, précise le rapport rendu public jeudi, à deux jours de la Journée mondiale du refus de la misère. 

L'association a également réalisé 31.000 contacts dans ses actions mobiles envers les plus exclus (SDF, prostituées, migrants en transit, personnes en bidonville), comme à Calais où Vintimille.

"Nos Caso ont énormément de consultations, mais ce qui a le plus augmenté, ce sont nos consultations frontalières", a expliqué à l'AFP le docteur Françoise Sivignon, présidente de Médecins du monde.

A Calais, "symbole de l'insuffisance des pouvoirs publics" selon l'association, Médecins du monde a réalisé en 2014 plus de 2.000 consultations médicales, et 3.200 depuis début 2015. "On a dû mettre en place un dispositif d'urgence habituellement utilisé sur les terrains de conflit", a rappelé Mme Sivignon, déplorant que la France ait "créé sur place de véritables bidonvilles". 

Si à Calais se trouvent de nombreux femmes et enfants, souvent en grande souffrance psychique, la population qui vient consulter dans les Caso est en majorité jeune et masculine (62% d'hommes, 33 ans de moyenne d'âge).

Médecins du monde note une forte augmentation du nombre de mineurs étrangers isolés (517 accueillis en 2014, un chiffre multiplié par 8 depuis 2011), soumis par l'Etat à "des tests de maturation osseuse absolument pas fiables" pour déterminer leur âge.

Dans ces centres, "les précarités se sont aggravées", insiste Mme Sivignon. Une majorité des patients sont en situation irrégulière (67,3%) ou en situation administrative précaire, et près de 7% sont demandeurs d'asile. La quasi totalité (97,7%) des personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté (dont 35,5% sans aucune ressource), et plus de 90% sont en logement précaire. Une précarité qui a des conséquences sur la santé :  les pathologies les plus fréquemment rencontrées sont respiratoires, digestives, ostéoarticulaires et dermatologiques. Et près de six patients sur dix souffrent de pathologie chronique comme le diabète ou l'hypertension.

"Les barrières à l'accès aux soins persistent", souligne Mme Sivignon, citant notamment le problème de la langue et la complexité administrative pour accéder à une couverture maladie. Conséquences : 40% ont retardé leurs soins, et un patient sur cinq a renoncé à se soigner au cours des douze derniers mois.