JO de Paris 2024 : le sort des populations précaires pointé du doigt

À 100 jours des Jeux olympiques, un collectif de 80 associations engagées dans l'aide aux plus précaires dénonce un "nettoyage social" avec un impact sur le volet de la santé.

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JO 2024 : les précaires exclus de la santé
JO 2024 : les précaires exclus de la santé  —  Le Mag de la Santé - France 5

Comme chaque lundi, le parvis de l’hôtel de ville de Paris accueille un camion de l'association humanitaire Médecins du monde. C'est un cabinet médical ambulant pour les plus vulnérables.

Trois mois sans accès aux soins

Ici, des médecins bénévoles offrent des soins de base, et un accompagnement vers une prise en charge par des structures de santé, pour les cas les plus graves. Mais cet été, le camion devra partir pour laisser la place aux JO.

La Docteure Anne Bauduceau, bénévole depuis 25 ans, appréhende : "il y a une grande détresse médicale, mais il y a aussi toute la détresse psychologique qui accompagne cette vie à la rue qui est quand même très difficile donc on est inquiet", explique-t-elle. "On ne sait pas comment on va pouvoir travailler parce que je pense que ça va faire une parenthèse de trois mois, ça peut être grave", poursuit cette médecin généraliste retraitée.

Trois mois durant lesquels l’accès au soin sera compliqué pour les bénéficiaires. C'est une source d’inquiétude supplémentaire pour eux.

Un manque d'anticipation de l'État

À quatre mois des Jeux, l’équipe du camion médical n’a toujours pas d’informations sur sa situation pour cet été. Le collectif "Le revers de la médaille", créé par 80 associations, dénonce aujourd’hui le manque d’anticipation de l’État pour la prise en charge des plus précaires durant les JO.

"Cela fait des mois et des mois qu'on alerte, qu'on répond aux médias, qu'on fait des actions et qu'on va voir les autorités en leur disant de préparer un plan, ce n'est pas dur" s'insurge Paul Alausy, coordinateur veille sanitaire-Médecins du monde.

"Nous pouvons nous déplacer temporairement, mais il faut du temps pour informer. Nous pouvons adapter nos dispositifs, mais il faut des moyens pour le faire et il faut des autorisations donc c'est tout le sens du plaidoyer du revers de la médaille, pouvoir continuer à avoir des jeux qui sont véritablement inclusifs, véritablement solidaires"
, explique-t-il encore.

"Il y a des choses de faites mais ça ne suffit pas"

La mairie de Paris, de son côté, est aussi dans l’attente d’une réaction de la préfecture. "Nous sommes dans un moment effectivement compliqué avec l'État parce qu'il a décidé de ne pas organiser ou d'être dans une forme de déni de l'organisation de l'accueil des personnes qui cherchent refuge" confie Léa Filoche, adjointe en charge des solidarités à la Mairie de Paris. "Il y a quand même des choses qui sont faites par l'État, il a créé des places d'hébergement d'urgence, il y a mis quand même un certain nombre de moyens", note-t-elle.

"Je pense qu'on ne peut pas seulement balayer d'un revers de main l'engagement qui a été pris ces derniers mois et ces dernières années par l'État en matière d'hébergement d'urgence, mais on sait que ça ne suffit pas
", poursuit-elle.

La veille sanitaire de Médecins du monde est pour le moment assurée devant l’Hôtel de Ville jusqu’à fin juin.