Violences conjugales : un tchat pour aider les plus jeunes femmes

L’association En avant toute(s) élargit les horaires d’accès à son tchat d’aide et d’écoute aux victimes de violences conjugales. Principal public visé : les femmes de moins de 25 ans, souvent concernées mais rarement écoutées.

Laurène Levy
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / VGstockstudio

"Les femmes osent parler des violences, mais on ne les écoute pas." Partant de ce constat, le site Comment on s’aime a décidé de développer son service de tchat anonyme, sécurité et gratuit. Le public visé ? Les femmes jeunes, de moins de 25 ans.

Depuis le 7 septembre 2020, ce tchat créé par l'association En avant toute(s), a étendu ses horaires du lundi au samedi de 10h à 21h. Un renforcement rendu possible par un partenariat avec Yves Saint-Laurent Beauté. La marque finance l’arrivée de deux nouvelles collaboratrices formées à repérer les violences conjugales et à accompagner les victimes.

Les phénomènes d’emprise n’ont pas d’âge

Pourquoi cibler les femmes jeunes ? "Une femme sur 10 est victime de violences conjugales, mais chez les moins de 25 ans, elles sont une sur sept" observe Louise Delavier, porte-parole de l’association et co-fondatrice du tchat.

Les 18-25 ans sont donc surreprésentées parmi les victimes des violences conjugales et constituent en plus un public particulièrement fragile. Parce qu'à cet âge, elles sont parfois en rupture familiale, dépourvues d’aides sociales, et qu'elles sont rarement prises au sérieux en cas de violences au sein du couple.

Les jeunes femmes s’identifient même rarement comme victimes de violences. "Pourtant, les phénomènes d’emprise sont les mêmes, peu importe l’âge. Et subir des violences quand on est jeune augmente le risque de les reproduire plus tard, en restant dans des relations violentes" alerte Louise Delavier.

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Les réponses d'expert.e.s

Or, quand les femmes jeunes parlent de violence, elles le font "sur des forums ou des groupes Facebook, à des personnes qui ne sont pas des professionnelles" rapporte Louise Delavier.

Problème : les violences conjugales sont "subtiles, insidieuses" et il est donc complexe de bien conseiller les victimes. "Sans expertise, le conseil sera au mieux maladroit, au pire malveillant " s’inquiète la porte-parole, qui rappelle que toutes les collaboratrices du tchat sont formées à la question des violences au sein du couple.

Un relai vers les structures d’aides

Concrètement, lorsque les professionnelles de Comment on s'aime repèrent un cas de violence, elles redirigent la victime vers des structures d’aides spécifiques, par exemple des lieux d’accueil et d’hébergement.

Elles orientent aussi les victimes vers d'autres dispositifs numériques, comme le tchat de la police mis en place il y a deux ans. Car la forme écrite offre "de la discrétion" et "une plus grande liberté d’expression quand l’émotion est trop forte", selon Louise Delavier.

+700% de demandes pendant le confinement

Depuis son lancement en 2016, le tchat a vu sa fréquentation grimper. Une demande qui a même explosé cette année, autour du confinement, quand le tchat est resté ouvert 7j/7 pendant quatre mois : "entre avril 2019 et avril 2020, la fréquentation du tchat est en hausse de plus de 700%" relève Louise Delavier. Résultat, depuis le début de l’année 2020, le tchat a déjà aidé plus de 1.700 victimes de violences conjugales.

Si le partenariat permet aujourd’hui de conserver une large plage horaire d’aide et d’écoute, il offre aussi une meilleure visibilité à l’association. La marque Yves Saint-Laurent Beauté s’engage ainsi à réserver 5% de son espace publicitaire à la cause des violences conjugales et finance des actions de sensibilisation auprès des jeunes dans des collèges, lycées et universités.

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-Tchat d'aide et d'écoute En avant toute(s), association membre de la Fédération Nationale Solidarité Femmes : commentonsaime.fr du lundi au samedi de 10h à 21h.
-Numéro de la Fédération Nationale Solidarité Femmes Violences Femmes Info : 3919, de 9h00 à 22h00 du lundi au vendredi et de 9h00 à 18h00 samedi, dimanche et jours fériés.
-Collectif Féministe Contre le Viol : 0 800 05 95 95, du lundi au vendredi de 10h à 19h.