Violences conjugales : même pendant le confinement "on a le droit de fuir !"

Pour lutter contre l’épidémie due au coronavirus, le confinement est nécessaire. Mais cette situation inédite fait craindre aux associations une recrudescence des violences intrafamiliales.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Violences conjugales : même pendant le confinement "on a le droit de fuir !"
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Face à la diffusion du Covid-19, une seule solution : rester chez soi tant que possible. Mais pour les femmes et enfants victimes de violences, cela peut signifier se retrouver enfermés avec l’auteur de ces violences.  

“Avec le confinement, les risques sont accrus” 

Une situation qui effraie les associations. “C’est sûr que ça va arriver, pointe Caroline De Haas, du collectif Nous toutesLes périodes de crises sont des périodes d’augmentation des risques de violences. Et avec le confinement, les risques sont encore accrus puisqu’on se retrouve en contact beaucoup plus long avec la personne violente.” 

Marie Cervetti, directrice de l’association FIT, Une femme, un toit, partage cette crainte : “Les femmes sont absolument angoissées à l’idée d’avoir à supporter toute la journée un conjoint violent qui va trouver tous les prétextes pour les humilier, les insulter, les frapper. Evidemment, ce qu’on redoute le plus c’est d’assister à une recrudescence des féminicides.”  Pour les enfants victimes de violences, la préoccupation est la même. Dans un communiqué publié le 17 mars, Adrien Taquet, le secrétaire d’Etat à la Protection de l’enfance, s’inquiétait de “situations favorisant le passage à l'acte à domicile, et d'une difficulté supplémentaire pour le repérer”.  

Appeler même quand on ne peut pas parler librement

Marlène Schiappa a souligné mercredi 18 mars que le 3919, numéro d’écoute et de conseils pour les femmes victimes de violences, “fonctionne toujours”. Les horaires d’écoutes sont toutefois réduits, et il peut être difficile pour une victime de joindre la ligne dédiée si elle est confinée avec l’auteur des violences. Le collectif Nous Toutes conseille d’appeler la police, même lorsqu’on ne peut pas s’exprimer. “On peut composer le 17, laisser le téléphone allumé et parler à son conjoint comme si de rien n’était”, précise Caroline De Haas. Face aux violences, la militante féministe rappelle que le confinement de doit pas prévaloir : “C’est déconseillé de sortir pendant le confinement, mais on a le droit de fuir si on est en danger ! ” 

Pour Marie Cervetti aussi, il est primordial que le confinement ne soit pas strict : “ll faut dire aux femmes victimes de violence : oui, vous avez le droit de sortir. Et si vous ne pouvez pas remplir une attestation, si vous êtes contrôlée, c’est le moment de dire aux policiers : « je suis en danger, j’ai quitté mon conjoint violent I»”.  

« Les voisins doivent faire attention »

Pour limiter les risques, il est de la responsabilité de chacun d’être plus vigilant que d’habitude. Adrien Taquet, le rappelle : “Seul un Français sur quatre en moyenne déclare avoir le réflexe d'appeler le 119 face à une suspicion de violence.”. Le secrétaire d’Etat à la Protection de l’enfance appelle donc à “composer le 119 si l’on est témoin, même auditif, même dans le doute, de violence sur un enfant”. Dans le cas des violences conjugales, la vigilance est aussi de mise. “On recommande beaucoup à l’entourage d’être à l’écoute, conseille Caroline De Haas. Les voisins doivent faire attention, et si on connaît des copines en danger, on peut prendre des nouvelles régulièrement.” 

Les associations de lutte contre les violences faites aux femmes appellent le gouvernement à aller plus loin. “Comme en Espagne, il faut une campagne de sensibilisation sur le sujet, ainsi que la mobilisation des forces de l’ordre, estime Caroline De Haas. Les violences sont une question de santé publique.”