Reste à charge zéro : les audioprothésistes craignent "l'écroulement de l'offre de soin"

Selon les syndicats d’audioprothésistes, le projet de réforme du "reste à charge zéro" dans leur secteur remet en cause la "viabilité économique du secteur".

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
"Reste à charge zéro : les audioprothésistes en colère", entretien avec Luis Godinho, président du Syndicat national des audioprothésistes
"Reste à charge zéro : les audioprothésistes en colère", entretien avec Luis Godinho, président du Syndicat national des audioprothésistes

Promis par Emmanuel Macron, le "reste à charge zéro", c'est-à-dire la mise en place d’un panier de soins remboursés à 100%, fait l'objet de concertations entre les syndicats d'audioprothésistes (Unsaf, Synea et Synam) et la Direction de la sécurité sociale (DSS). Toutefois, à ce jour, "aucun accord n'a été trouvé et aucune des nombreuses propositions" chiffrées de la profession n'ont été acceptées, ont déploré dans un communiqué commun l'Unsaf et le Synam. 

Dans la version actuelle du texte, "la quasi-totalité" des efforts financiers serait "à la charge des seuls professionnels". "Le ministère ne prévoit aucun moyen financier nouveau pour les remboursements de la Sécurité sociale", s'indignent-ils, réclamant un "projet réaliste" et des "moyens supplémentaires".

Une solution "non viable", selon les syndicats

Le projet serait même "financièrement intenable à court terme" pour la filière, selon une étude réalisée par le cabinet Xerfi à la demande des audioprothésistes. Selon les calculs présentés, la réforme ne permettrait d'augmenter le taux d'équipement des personnes malentendantes que de façon limitée : de 38,4% aujourd’hui, on passerait à 46% en 2022, contre 43,9% sans réforme, affirment les syndicats.

Selon le cabinet Xerfi, le projet entraînerait par ailleurs "une forte baisse du résultat net moyen" des centres d'audioprothèses, entraînant la possible disparition "à 5 ans" d’un cabinet sur six. L’étude souligne que le droit accordé au patient d'acheter sa prothèse chez un audioprothésiste, puis d'effectuer le suivi chez un autre, ferait plonger "dans le rouge" la trésorerie et le résultat net des cabinets. "C'est la viabilité économique du secteur qui est en jeu", avec pour conséquence "un écroulement de l'offre de soins", s'alarment les syndicats. 

Selon le président du Synea Guillaume Flahaut, le plafonnement des prix, les délais de renouvellement portés à cinq ans, ou la labellisation des audioprothésistes, sont "une accumulation de mesures règlementaires délétères". Il estime que le reste à charge zéro pourrait être "une bonne mesure" si elle était mise en oeuvre "de manière raisonnable et progressive".

Le 23 avril, les audioprothésistes avaient proposé l'instauration d'un prix de vente limite à 1.350 euros pour "certains appareils" dès 2019, qui pourrait progressivement être abaissé pour atteindre 1.200 euros en 2022. Une nouvelle réunion de concertation autour de ces questions est prévue ce 3 mai.

avec AFP