Des prothèses sur mesure... pour les animaux

Aider des animaux à retrouver une meilleure qualité de vie malgré une paralysie ou une patte en moins, c’est le métier des orthoprothésistes. Ils fabriquent des prothèses et les adaptent à chacun de leurs patients à poils ou à plumes.

Farah Kesri
Rédigé le
Reportage : Réparer les animaux
Reportage : Réparer les animaux  —  Le Mag de la Santé - France 5

Dans cet atelier, ça perce, ça coupe, ça tape… pour fabriquer de curieux moulages et des prothèses à la taille impressionnantes. Elles ne sont pas destinées aux humains : Antoine Maitre est orthoprothésiste animalier. 

Il vient de terminer une prothèse pour un chien qui est amputé d'une patte avant. Ce chien, c’est Simbad, qui a perdu l’extrémité de sa patte avant dans un accident. Sa propriétaire l’a recueilli malgré son état.

Être attentif à chaque signe de l'animal

"On va commencer par le manchon, on va y aller progressivement. Il va falloir sentir qu'on rentre un peu en force. Ensuite, je prends la prothèse et viens glisser le manchon à l'intérieur. C'est là où on sent que ça ne rentre pas très facilement, ça vient bloquer à un endroit", commente Antoine Maitre.

La patte de Simbad est sensible. Antoine sait qu’il existe un risque de morsure avec les animaux. Il doit faire attention à chaque signe.

"On peut très bien se dire que la prothèse a l'air d'aller bien, en réalité elle est peut-être inconfortable, ils ne peuvent pas le dire. Ça va être vraiment sur du long terme, il ne faut pas hésiter à revenir un petit peu dessus", précise Antoine Maitre. La prothèse de Simbad a besoin de petits ajustements. Mais heureusement, il pourra en bénéficier rapidement.

Cigogne, âne, mouton...

Antoine a conçu des prothèses pour différentes espèces. À chaque fois, il a fallu qu’il s’adapte à leur anatomie, comme une cigogne à laquelle il manquait un doigt, ou un mouton dont la patte arrière avait été sectionnée par un barbelé.

L’un des exploits techniques d’Antoine est une prothèse qui peut supporter le poids d’un âne de 300 kg.

"Ça, c'est un baudet du Poitou qui avait une atteinte très rare. Il avait une hyperlaxité généralisée et n'arrivait pas à tenir debout, il s'effondrait, mais il était très volontaire en même temps. C'est pour ça que les vétérinaires et la famille ont pris la décision d'essayer de faire quelque chose pour améliorer son confort et qu'il puisse se tenir debout pour ne pas chuter", confie Antoine Maitre.

"C'est comme s'il avait de nouveau quatre pattes"

Pour certains patients, Antoine se déplace à domicile. Bishop, un berger des Carpathes, a perdu sa patte arrière droite, il y a quatre mois. Elena l’a adopté il y a seulement un mois. 

La prothèse définitive de Bishop semble convenir. C’est le moment de vérité et sous le regard attentif d’Antoine, Bishop fait ses premiers pas."On voit que sa hanche manque complètement de force. Mais il appuie bien dessus. Il arrive à s’assoir, il n’est pas gêné derrière", se rassure Antoine Maitre.

Elena encouragée, décide d’emmener Bishop en balade. Très vite, il prend de l’assurance, ce n’est plus le même chien. "C'est satisfaisant parce que Bishop s'habitue extrêmement bien. C'est vraiment comme s'il avait de nouveau sa quatrième patte. Courir à fond avec son chien à côté, c'est incroyable, c'est le meilleur sentiment du monde", confie Elena.

Bishop devra suivre des séances de rééducation avec son vétérinaire. Mais pour l’heure, il a bien mérité une récompense.