Quelles solutions contre les déserts médicaux ?

En 2016, 5% des Français vivaient dans un désert médical. Un phénomène inquiétant qui prive de médecins les usagers habitant dans certaines zones loin des grandes villes. Le Dr Jean-Michel Klein, président du Syndicat national des ORL, et Christian Saout, secrétaire général délégué du Collectif interassociatif sur la santé (CISS), invités du Magazine de la santé, ont évoqué différentes pistes pour lutter contre cette désertification médicale.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Comment répondre au problème de la désertification médicale ?
Comment répondre au problème de la désertification médicale ?
  • La lutte contre les déserts médicaux

Dr Jean-Michel Klein, président du Syndicat national des ORL : "Il n'y a pas de remède miracle pour les déserts médicaux. Des discussions sont entamées. On a vu venir ce problème de désertification médicale. Il y a eu une époque de surnombre de médecins qui partent maintenant à la retraite et on n'a pas prévu de logiciel de remplacement. C'est une question de réorganisation, nous sommes à la fin d'un système. Aux professionnels de santé d'en discuter avec les politiques pour trouver des solutions vivables comme la télémédecine. Il existe des solutions mais il faut avoir le courage d'innover."

  • Obliger les médecins à s'installer dans les déserts médicaux

L'avis de Christian Saout : "Historiquement, il n'y a jamais eu de contrainte à l'installation, à la différence d'autres professions de santé comme les pharmaciens. Chacun des médecins s'installe où il veut et quasi-automatiquement, il est conventionné par l'Assurance maladie à l'inverse d'autres pays où on est conventionné par l'Assurance maladie quand on accepte un certain nombre de conditions d'installation. En France, le système est extrêmement ouvert, c'est d'ailleurs ce qui a fait son succès. Plus on attendra pour répondre à la situation qu'on rencontre, plus l'exigence des concitoyens sera de passer à la contrainte.

"Aujourd'hui, on commence à dire qu'il ne faut plus conventionner dans les zones où les médecins sont excédentaires de manière à ce que ceux qui sont disponibles pour exercer la médecine aillent dans les zones où il y a moins de monde."

L'avis du Dr Jean-Michel Klein : "Je pense qu'il faudrait inciter les médecins et donner un attrait à s'installer dans certaines régions plutôt que contraindre et obliger. Il existe des moyens pour cela. Il faut changer de modèle et retirer le mot "contrainte" et trouver des réponses à l'incitation. Il faut favoriser le déplacement et la répartition territoriale."

  • Ouvrir des maisons de santé

L'avis de Christian Saout : "Les maisons de santé sont une bonne idée car les jeunes médecins ont aujourd'hui envie de travailler en équipe. Et ces maisons sont des endroits où on peut travailler en équipe. Mais les maisons de santé pluri-professionnelles et les centres de santé ne représentent que 10% de l'offre de médecine générale, ce qui est encore très faible."

L'avis du Dr Jean-Michel Klein : "Concernant les maisons de santé, il faut optimiser le temps médical. Il faut faire monter des assistants de plateau technique qui aident le médecin dans un certain nombre d'actions."

  • Augmenter le numerus clausus

Tous les candidats à la présidentielle sont d'accord pour augmenter le numerus clausus. Augmenter le numerus clausus est une solution à long terme car il faut une dizaine d'années pour former un médecin. Pour Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, cette solution permettrait aussi de ne plus avoir recours à des médecins étrangers sur le territoire français.

L'avis du Dr Jean-Michel Klein : "Augmenter le numerus clausus est plutôt une bonne idée mais on ne va pas former un médecin en trois ans. Le problème des déserts médicaux est actuel, il faut mettre en place des solutions tout de suite."

  • Retirer le conventionnement des médecins qui s'installent dans des zones sur-dotées en médecins

Benoît Hamon souhaite retirer le conventionnement des médecins qui s'installeraient dans des zones sur-dotées en médecins. Cela signifie que les patients ne seraient plus remboursés si ces médecins voulaient tout de même s'installer dans ces zones. Cette mesure vise à inciter les médecins à s'installer dans des zones moins bien dotées en médecins.

  • Instaurer un stage obligatoire pour les internes en médecine dans les zones à faible densité médicale

Marine Le Pen souhaite instaurer un stage obligatoire pour les internes en médecine dans les zones à faible densité médicale.