Implant, suture, anesthésie... quand les infirmiers pratiquent des actes de cardiologie

Pour la première fois en France, un service de cardiologie forme des infirmiers à des actes réservés jusqu’alors à des cardiologues. Une façon de limiter le temps d'attente et de libérer du temps médical.

Farah Kesri
Rédigé le
Cardiologie : Des interventions pratiquées par des infirmiers
Cardiologie : Des interventions pratiquées par des infirmiers  —  Le Mag de la Santé - France 5

Jimmy Guibert est infirmier en cardiologie au centre hospitalier du Mans depuis plus de 20 ans. Faire un électrocardiogramme à un patient constitue une routine pour lui. Sa patiente, Mauricette, a 74 ans. Elle a fait deux AVC en l’espace de deux mois, Jimmy doit donc surveiller son cœur d'encore plus près.

Il va lui implanter un petit appareil pour surveiller son coeur. C'est un acte chirurgical qui était réservé jusqu'alors aux cardiologues. 

Réduire le temps d'attente

"Ce dispositif va enregistrer en permanence le rythme cardiaque de son cœur et va nous alerter dès qu’elle fera une fibrillation atriale. C'est quand les oreillettes battent de manière anarchique, cette anarchie peut conduire à des caillots qui vont ensuite donner les accidents vasculaires cérébraux", explique Jimmy Guibert.

Ce dispositif d’alerte peut donc sauver des vies. Habituellement, c’est le Dr Mathieu Amelot qui implante ce type de moniteur. Mais depuis deux ans, ce cardiologue à l'hôpital du Mans a vu le nombre de demandes exploser. 

"Il y avait des délais de prise en charge qui parfois avoisinaient six mois et cette attente n'était pas rendre service aux patients. On sait que le risque de troubles du rythme après un AVC est plus élevé dans le mois qui suit l'AVC, ce n'était donc pas pertinent d'attendre aussi longtemps", commente le Dr Amelot.

Une formation théorique et pratique

Pour ne plus faire attendre ses patients, le Dr Amelot s’est inspiré de ses confrères anglais et italiens qui délèguent cet acte à des infirmiers. Un protocole validé par l'agence régionale de santé a été mis au point.
Il est destiné aux infirmiers qui ont au moins trois années d’expérience en cardiologie.  

"Nous sommes deux infirmiers dans ce projet", raconte Jimmy Guibert. "Nous avons reçu une formation en observant cinq procédures effectuées par nos pairs, les cardiologues. Ensuite, on a fait 10 implantations en binôme, le cardiologue était à proximité s'il fallait réintervenir auprès des patients. Ensuite, on a eu des heures de formation pour pouvoir implanter de manière autonome. Maintenant, on va implanter le dispositif qui est chargé dans la seringue", poursuit-il.

"Pas d'évènements indésirables"

Après une anesthésie locale et une petite incision, l’appareil est placé sous la peau au niveau du thorax."Tout se passe bien, on va pouvoir réaliser la suture de la peau. C'est pareil, c'est un acte qui n'est pas dans notre champ de compétence à la base, mais qui a été mis dans le protocole de coopération", confie Jimmy Guibert.

L’intervention n’aura duré que quelques minutes. Pour Mauricette, tout s’est bien passé. Mais en cas de complication, Jimmy aurait pu à tout moment faire intervenir le cardiologue qui reste à proximité."Sur la vingtaine de patients pris en charge, on n'a pas constaté d'événements indésirables graves et le retour des patients est pour l'instant plutôt positif", précise le Dr Mathieu Amelot.

Grâce au temps gagné, ce médecin dispose désormais d’une demi-journée supplémentaire pour d’autres prise en charge. Plusieurs services de cardiologie vont bientôt suivre l'exemple du centre hospitalier du Mans.