Handicap : bientôt un plan d’action contre les maltraitances
Le gouvernement a annoncé que le plan serait dévoilé dans les prochains mois, pour une mise en œuvre dans l’année.
"Nous devons avoir le courage de dénoncer l'inacceptable", a déclaré Agnès Buzyn à l’occasion de la remise d'un rapport sur les maltraitances envers les personnes dépendantes, âgées ou handicapées. Le document, rédigé par le Haut conseil de la famille et de l'âge (HCFEA) et le Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH), fait état de "violences cachées" dans les maisons de retraite, les établissements médicosociaux ou lors des soins à domicile. D’après la ministre de la Santé et des Solidarités, qui s’exprimait sur le sujet le 24 janvier, un "plan d'action" sera dévoilé "dans les prochains mois" et mis en oeuvre "dès cette année".
Les victimes ont plus de risques d'ignorer leurs droits
La secrétaire d'Etat chargée des Personnes handicapées, Sophie Cluzel, a de son côté dénoncé la "persistance d'une forme de loi du silence", et une "très nette sous-déclaration des situations de maltraitance, encore plus marquée concernant les personnes en situation de handicap". En cause notamment, selon les auteurs du rapport, une mésestime de la maltraitance par les victimes elles-mêmes. Une victime "fragile" a par ailleurs "plus de risques d'ignorer ses droits, ou d'hésiter à les faire valoir", expliquent les auteurs.
"Il est rare qu'il n'existe qu'une seule cause lorsque la relation d'aide se dégrade, se salit [pour se transformer] en abus, vol, brutalité, emprise ou humiliation", précise Denis Piveteau, l'un des auteurs. "Les dérapages ont souvent une longue histoire. C'est toute la souffrance, toutes les tensions d'un cercle familial ou professionnel qui se déversent sur les personnes les plus vulnérables", a-t-il ajouté.
Des excès de productivité imposés aux salariés
Le rapport donne plusieurs cas particuliers, notamment ceux d'une malade d'Alzheimer qui se fait cracher au visage par une aide-soignante et d'un petit garçon autiste obligé de participer à des sessions de natation malgré ses cris de révolte. Mais c’est également la "maltraitance institutionnelle" qui est dénoncée. Selon les auteurs, à cause de "défauts d'organisation" ou "d’excès de productivité" imposés aux salariés, les personnels des établissements peuvent y multiplier des gestes "brusques, mécaniques ou sans bienveillance".
Le rapport émet plusieurs solutions à cette maltraitance. Parmi elles : améliorer la formation initiale et continue des professionnels, créer des instances territoriales spécifiques afin de coordonner les "informations préoccupantes" et permettre de suspendre temporairement un professionnel qui aurait commis une maltraitance. Il est par ailleurs prévu que le site Internet qui permet de signaler des "événements indésirables graves liés aux soins" soit étendu aux actes de maltraitance.