Quand un EHPAD allie bien-être des résidents et des soignants

A Bracieux, dans le Loir-et-Cher, le directeur d'un EHPAD public et autonome essaie tant bien que mal d'améliorer le quotidien des résidents tout en facilitant le travail des soignants. Un défi de taille. Reportage.

Charlotte Rothéa
Rédigé le , mis à jour le
Quand un EHPAD allie bien-être des résidents et des soignants  —  Magazine de la Santé

Comme chaque matin depuis 7 ans, Jeanine s’est réveillée à l’aube, dans sa chambre de l’EHPAD de Bracieux.  

Anne-Claire va prendre une vingtaine de minutes pour l’accompagner. Elle doit aussi s’occuper de 11 autres résidents, avec l’aide d’une autre employée.  

"Là je vais aller faire la toilette d’une résidente. Il y a différents types de protections selon les besoins de la personne. Il me suffit donc de retrouver son nom et je prends les protections pour la journée en quantité suffisante bien évidemment", explique Anne-Claire Gable, agent de service hôtelier EHPAD de Bracieux.

Moins de pénibilité pour moins d'absentéisme

Plus le format est grand, plus la protection est chère. Il faut donc identifier les besoins de chaque résident pour adapter au mieux les coûts mais il est hors de question de les négliger.

"Moi je ne travaillerais pas ici s'il y avait des restrictions. C’est impensable qu’on fasse des économies sur des protections, c'est honteux... Ce sont des papis, mamies... Je me dis que ce n'est pas possible", confie Anne-Claire Gable.

Il y a ici 80 résidents logés et c'est difficile de s'occuper d'eux, physiquement et moralement. Des mesures ont été prises afin de lutter contre l’absentéisme des soignants.

Ce rail, installé au plafond des chambres de l’unité grande dépendance, a nettement réduit la pénibilité du travail de Sophie."Il y a juste à appuyer sur le bouton, avant il fallait manipuler, tirer la personne. Pour les personnes imposantes, c'était compliqué", précise Sophie Declerck, aide-soignante.

C'est un investissement important conseillé par un ergonome du travail. Dans cet EHPAD, l’absentéisme est moitié moins important que la moyenne nationale.  

Donner la parole aux soignants

"Chaque année, on donne l'opportunité aux professionnels de s'exprimer sur leurs conditions de travail, sur la qualité de vie au travail. Derrière, on met en place des actions spécifiques", explique Loïc Loutrel, ergonome.

Néo aussi facilite la vie des soignants et des résidents. Depuis 2 ans, il assiste Sophie pour apaiser les pensionnaires lors des soins. "Quand des personnes, qui ont de gros troubles et qui sont agressifs, voient le chien, cela apporte des sourires et la toilette se fait sans mal", commente Sophie Declerck.

La nourriture, un enjeu financier

Cet EHPAD public essaye constamment d'améliorer la qualité de vie des pensionnaires tout en maintenant son budget. La nourriture est un enjeu financier important. 4 repas journaliers coûtent ici 4 euros 50 par résident. 
 
Cela semble peu, mais l’EHPAD trouve des astuces comme réduire le gaspillage, en servant à l’assiette, en fonction des besoins de chacun ou encore en évitant les produits industriels, qui reviendraient plus cher. 

"Aujourd'hui c’est un bœuf provençal. Les pommes-de-terre arrivent de chez l'agriculteur, elles sont épluchées et cuisinées sur place. Ça suppose derrière un très gros travail de nos équipes qui transforment tous nos produits sur place", commente Pierre Gouabault, directeur de l'EHPAD.

Grand âge et dépendance : enjeux du financement

Même si cet EHPAD arrive à satisfaire les besoins de ses résidents, l’avenir est incertain.

"Actuellement on passe notre temps à courir après l’argent. Il va y avoir de plus en plus de gens extrêmement dépendants qui vont arriver le plus tard possible dans nos établissements. Il faudra donc renforcer les dispositifs de soutien à l'investissement parce qu'il y a un enjeu aussi d'adaptation de nos EHPAD, de nos bâtiments à l'enjeu de la très grande dépendance..." s'inquiète Pierre Gouabault.

Le directeur d’établissement aimerait embaucher plus. Il y a ici en moyenne 5 professionnels pour 10 résidents, il en faudrait 3 de plus selon lui.